Dans son numéro estival, DBM prône un droit à la lenteur avec un road-trip au fil de l’ancienne Route Nationale 6, en souvenir du bon vieux temps !
Notre époque est faite d’autoroutes et de contre-sens. Écœuré par l’installation de tonton Ronald en plein cœur de Rome et la glorification naissante du « vite manger », un gastronome italien lança dans les années 90 le mouvement Slow Food. Vint son cousin le slow tourisme, que l’on retrouve de plus en plus dans le lexique professionnel d’aujourd’hui. Soit « l’art de voyager tout en prenant son temps, de s’imprégner pleinement de la nature qui nous entoure et de la richesse du patrimoine (…) privilégier les rencontres, savourer les plaisirs de la table, avec le souci du respect du territoire et de ses habitants », selon la conception du ministère de l’Économie.
Ce « slow dossier » de l’été ne va pas refaire le monde. Depuis sa petite mort annoncée en 2004 avec le transfert des routes nationales aux départements, la RN6 sauce revival a été racontée sous bien des aspects, du Cercle rouge de Melville au berceau de Courtepaille, en particulier dans un hors-série culte de Bourgogne Magazine paru en 2009.
Ces pages de DBM engagent simplement à la découverte d’un itinéraire et de ses étapes comme Chez Camille. La respectable maison d’Arnay-le-Duc occupe la une de ce numéro grâce à la ligne claire et généreuse de Thierry Dubois, l’incontesté « mister RN6 ». Tout ça parce que les meurettes de Joy-Astrid et le pâté en croûte d’Alexis valent le voyage.
Dans la démesure ambiante, ces petites routes rassurent. Elles sont même devenues même, il y a quelques années, un objet d’études anthropologique et artistique, quand Le Consortium s’est intéressé de près à la RN6 via le travail d’Olivier Mosset, adoubé en son temps par Xavier Douroux. « La ruralité est une nouvelle frontière pour l’art et nous essayons de la conquérir », estimait le regretté cofondateur du centre d’art contemporain dijonnais, loin de se cantonner aux mondanités. Faire et refaire la route, rester curieux d’un ailleurs, c’est déjà un art de vivre. Oui au droit à la lenteur !