Hommage à Claudine Vincenot, fille d’Henri et gardienne du temple

Sans elle, sans son talent de conteuse et sa foi en l’œuvre familiale, Henri Vincenot ne serait pas exactement ce monument de la culture bourguignonne. Claudine Vincenot, sa fille, est morte dimanche 17 mars à l’âge de 85 ans.

Fille de l’écrivain et artiste dijonnais, Claudine Vincenot est morte dimanche 17 mars à Dijon, à l’âge de 85 ans. © Jean-Luc Petit

Même à son âge vénérable, elle disait toujours « papa » et « maman » pour parler de ses parents. Ancienne professeur de lettres, personnalité appréciée de la vie culturelle dijonnaise, Claudine Vincenot gérait depuis quarante ans l’œuvre de son père Henri Vincenot (1912-1985). Millésime 1938, elle était l’une des quatre enfants de l’artiste, parmi Jean-Pierre (1936), François (1940) et Denis (1944).

Toujours coquette, le chignon ajusté, du noir accroché au regard, Claudine Vincenot aura mis son talent de conteuse au service de cet héritage hors du commun, via des ouvrages comme Le maître du bonheur (1995) et La vie toute crue (2006), compilant les histoires confiées par ses aïeux, exhumant les écrits intimes, conservant amoureusement ses œuvres picturales et un rare fonds photographique. Elle n’a cessé de marcher dans les pas de l’auteur de La Billebaude (1978) et du Pape des Escargots (1983), jusqu’au Maroc, où elle vécut et aima passionnément ce pays comme son père avant elle.

Généreuse confidente

En 2012, Bourgogne Magazine avait consacré un numéro spécial à Henri Vincenot pour célébrer le centenaire de sa naissance. Claudine en fut la généreuse confidente (lire ci-dessous), avec la fraîcheur et l’émotion d’une petite fille heureuse, pleine d’admiration pour ce père qui appartenait à d’autres et pour Andrée, cette maman discrète et indispensable, disparue brutalement en 1983.

Vincenot mourut deux ans plus tard d’un cancer de la plèvre et sans doute de chagrin, chez sa fille, rue Jean-Jacques Rousseau à Dijon. Claudine écrivait : « Si, en ce centenaire de ta naissance, papa, je parle autant de vous deux, indissociables, c’est que, couple bien « enjugué », vous n’avez pu vivre l’un sans l’autre. » Claudine Vincenot billebaude désormais là-haut, tout près de papa et maman. Entre maitres du bonheur.

Extrait du hors-série de Bourgogne Magazine spécial Henri Vincenot, paru en 2012.