Chef-d’œuvre de la peinture flamande, le polyptyque du Jugement dernier de Rogier van der Weyden fait l’objet d’un ambitieux programme d’étude et de restauration décidé par l’Hôtel-Dieu des Hospices de Beaune. Un projet patrimonial majeur, en partenariat avec le C2RMF, sous l’égide de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté.

Œuvre emblématique de l’Hôtel-Dieu de Beaune, chef d’œuvre du peintre flamand Rogier van der Weyden produit entre 1443 et 1452, le polyptyque du Jugement dernier bénéficie d’un programme de restauration inédit par son ampleur et ses enjeux. Les Hospices Civils de Beaune ont confié cette mission au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), référence nationale en matière d’analyse et de conservation des œuvres majeures.
Ce partenariat s’inscrit dans un cadre scientifique strict, supervisé par la Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne–Franche-Comté, garantissant une approche rigoureuse et respectueuse de l’histoire matérielle de l’œuvre.
Les photographies du C2RMF
La démarche engagée repose en premier lieu sur une phase approfondie d’étude. Réalisée en partie in situ, à l’Hôtel-Dieu, par l’équipe de Matthieu Gilles, responsable filière peinture du C2RMF, elle mobilise des techniques d’imagerie scientifique de pointe et une documentation photographique destinée à enrichir un corpus existant depuis la fin du XIXᵉ siècle.
Ces analyses permettront d’établir un diagnostic précis de l’état du polyptyque, de ses repeints et ses lacunes, afin de définir les protocoles de restauration les plus adaptés. L’œuvre sera ensuite accueillie dans les ateliers du C2RMF, à l’automne 2026, afin d’y mener des investigations complémentaires et les interventions de conservation-restauration proprement dites.
Une restauration exceptionnelle, plus d’un siècle après la précédente
La dernière restauration fondamentale du polyptyque remonte à la période 1875-1878, menée dans les ateliers du Louvre. 150 ans plus tard, l’ancienneté de cette intervention et la valeur patrimoniale exceptionnelle de l’œuvre justifient la constitution d’un comité scientifique dédié.
Réunissant experts, conservateurs et restaurateurs, ce comité accompagnera chaque étape du projet, alternant réunions à l’Hôtel-Dieu et au C2RMF, afin de débattre et d’arbitrer les choix techniques et éthiques liés à la préservation de ce retable unique.

Une œuvre conçue pour soigner les corps et les âmes
Commandé au XVe siècle par les fondateurs Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins pour la chapelle de la salle des Pôvres, le polyptyque n’était pas seulement un chef-d’œuvre artistique. Il était pleinement intégré à la mission hospitalière du lieu.
Ouvert lors des grandes fêtes religieuses, il offrait aux malades la vision saisissante du Jugement dernier ; fermé, il présentait les figures des donateurs, leurs saints protecteurs et une scène de l’Annonciation. Cette alternance visuelle participait à une pédagogie spirituelle, mêlant charité chrétienne, consolation et méditation sur le salut des âmes.
À travers ce projet, guidé par le fil conducteur « Hôtel-Dieu 2043 », les Hospices Civils de Beaune réaffirment leur engagement en faveur de la transmission d’un patrimoine vivant, au croisement de l’histoire de l’art, du soin et de l’humanisme.



