Interdiction des PFAS : le groupe SEB n’adhère pas au projet de loi et dénonce « la mise en péril de Tefal » 

Soutenus par leur direction, près de 600 salariés de Tefal, filiale du groupe SEB, vont protester à Paris contre le projet de loi visant les PFAS, ces composantes de revêtements antiadhésifs pour les ustensiles de cuisine. L’industriel bourguignon convoque l’emploi dans le feu des débats et pointe un manque de discernement.

« Les produits Tefal ne contiennent pas de PFAS considérés comme nocifs pour la santé humaine ou l’environnement par les autorités sanitaires », tient à faire savoir le fabricant de poêles, filiale du groupe SEB depuis 1968. © Tefal.fr

Les principales organisations syndicales de Tefal vont se mobiliser, mercredi 3 avril à partir de 14h, devant l’Assemblée nationale, contre la proposition de loi visant à interdire les PFAS en France à compter de 2026. « Soit près de 600 salariés », a fait savoir par voie de communiqué la direction du groupe d’éléctroménager SEB, qui a mis à disposition plusieurs bus, notamment au départ de Selongey et Is-sur-Tille, pour manifester place des Invalides.

Présent dans 150 pays, réalisant 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2023), SEB emploie plus de 30 000 personnes dont 550 en Côte-d’Or. Son portefeuille de 35 marques comporte historiquement Tefal, depuis 1968. L’inventeur des poêles antiadhésives est directement concerné par la proposition de loi inscrite à l’ordre du jour par le groupe Ecologiste, étudiée ce jeudi 4 avril par les députés de l’Assemblée nationale.

Cette proposition vise notamment l’interdiction des per et polyfluoroalkylées, alias PFAS. Stables sous de fortes chaleurs, imperméables, ces liaisons carbone-fluor sont appréciées des industriels pour leurs propriétés antiadhésives. Mais elles sont nocives pour la santé et leur rejet dans l’environnement sont considérés comme des polluants éternels.

« L’avenir de l’entreprise Tefal en péril »

Le groupe SEB compte deux sites de production Tefal. Le plus important et à Rumilly, en Haute-Savoie (35 millions d’ustensiles fabriqués, 1 400 emplois) et le second à Tournus, en Saône-et-Loire. Sur le sujet, l’industriel n’y va pas avec le dos de la poêle : « Avec ce projet de loi, ce sont près de 3 000 emplois qui sont menacés et l’avenir de l’entreprise Tefal qui est en péril. En prévoyant l’interdiction des PFAS dans les ustensiles de cuisine, c’est tout un secteur industriel français qui peut être amené à disparaître, de la production jusqu’à la réparabilité de nos produits », persifle l’industriel bourguignon, qui anticipe une « sanction de la dernière usine à fabriquer des poêles et casseroles sur (le) sol (français). » 

Le groupe SEB pointe un manque de discernement dans ce dossier : la formule que Tefal utilise aujourd’hui pour ses revêtements contient du PTFE (polytétrafluoroéthène), une catégorie bien à part de PFAS, comme prend soin de le spécifier son site internet. Son fabricant le présente comme « une substance reconnue depuis plus de 50 ans pour son innocuité. Pourtant, elle est aujourd’hui concernée par cette interdiction, alors que son utilisation dans la fabrication des articles culinaires représente 0,5% des PFAS produits dans le monde. Cette généralisation française, sans base scientifique et allant au-delà des projets actuellement en débat au niveau européen, menace le savoir-faire, nos usines et plus généralement la souveraineté industrielle française ».

À noter que le futur centre logistique de Til-Châtel, qui prévoit une centaine d’emplois à l’horizon 2025, concernerait lui aussi les ustensiles de la marque Tefal. Chantage à l’emploi pour les uns, principe de réalité économique et sociale pour les autres… Sujet brûlant !