« La conspiration du silence » : la deuxième saison arrive sur France 3 Bourgogne

Diffusée il y a tout juste un an, la première saison de la série documentaire événement « La conspiration du silence », principalement consacrée à l’affaire des disparues de l’Yonne, a rencontré un vrai succès. Plus de 700 000 personnes l’ont visionnée sur la plateforme de replay de France TV. Une seconde saison, écrite et réalisée par le même tandem, Thierry Fournet et Vincent Hérissé, est proposée dès le 17 novembre sur cette même plateforme, avant une diffusion régionale le 22 novembre en prime time sur France 3 Bourgogne, puis nationale début 2024. Thierry Fournet répond à nos questions et présente cette seconde saison.

À gauche, Thierry Fournet, coréalisateur de la série « La conspiration du silence ». © Capture d’écran France 3

Vous allez présenter la seconde saison de votre série documentaire consacrée aux disparues de l’Yonne, « La conspiration du silence ». Comment a été reçue la première saison de 8 épisodes, diffusée l’an passé ?

Thierry Fournet : « La diffusion s’est vraiment bien passée, avec un beau succès en terme d’audience. Nous avons eu la chance et la surprise que cette série, initialement prévue pour une diffusion régionale, ait été diffusée nationalement sur France 2. J’y vois une reconnaissance de la qualité de notre travail, et de notre approche, celle du temps long, de la prise de recul. L’une de mes craintes était de penser que les gens de la région ne verraient pas d’un bon œil le fait de reparler de ces épisodes dramatiques, ça ne s’est pas passé comme ça. Au contraire, nous avons eu de bons retours, dans la presse, notamment dans Bourgogne Magazine, mais aussi des professions concernées comme les magistrats, les institutions sociales ou la gendarmerie. Par contre, côté mis en cause, ça a été silence radio total. Nous n’avons pas non plus été en mesure d’interroger le personnel politique de l’époque, notamment Jean-Pierre Soisson qui, il est vrai, est très malade.

La saison 2 se concentre sur des zones d’ombre évoquées lors de la première saison. Que pouvez-vous nous en dire ?

Elle commence par la traque, puis les aveux d’Émile Louis, un épisode très important que nous n’avions pas raconté dans la première saison. Et elle est effectivement l’occasion de revenir sur certains pans de cette vaste affaire, ou d’affaires voisines, comme celle d’Appoigny. Le tortionnaire d’Appoigny, Claude Dunant, a été jugé et condamné. Je voulais cependant savoir ce qu’il était devenu, je voulais aussi essayer de comprendre pourquoi les dizaines de clients qui venaient torturer dans son pavillon n’avaient pas été inquiétés.

Vous revenez également dans un épisode édifiant sur le « suicide » du gendarme Jambert, qui avait, avant tout le monde, enquêté sur les disparues de l’Yonne.

Je ne vais jamais abandonner cette affaire. Qu’est-il arrivé à Christian Jambert, pourquoi se « suicide »-t-il quelques semaines avent le procès, qui constitue pourtant l’aboutissement de tant d’années de travail ? Dans notre enquête, nous révélons qu’il est mort avec deux balles dans la tête, avec des orifices d’entrée différents pour chaque balle. Une première autopsie, bâclée, est suivie d’une autre, réalisée par l’une des meilleures spécialistes de la médecine légale de l’époque, le docteur Dominique Lecomte. Elle exclut toute possibilité de suicide. L’autopsie sera pourtant contestée et une troisième sera réalisée, par une autre équipe qui n’exclura pas, elle, la possibilité d’un suicide. Pourtant, chaque autopsie abime le corps, et rend les conclusions moins pertinentes. Connaîtra-t-on un jour la vérité ? J’en doute, mais je ne veux pas m’arrêter de la chercher. D’ailleurs, c’est le sens de ce qu’a dit Dominique Lecomte à l’avocat de la famille de Christian Jambert : « Maître, votre client a été assassiné, n’abandonnez pas ».

Avec cette seconde saison, avez-vous tout dit, ou reste-t-il encore place à d’autres épisodes ?

Nous allons faire une troisième saison, qui sera plus courte, 4 ou 5 épisodes. Elle sera axée sur l’affaire Fourniret. Le procès de sa compagne, Monique Olivier, débute le 28 novembre prochain. Et il y a encore deux ou trois autres affaires de mœurs que nous allons évoquer, nous n’en avons pas encore fini avec ces terribles séries de faits divers qui ont frappé l’Yonne entre 1970 et les années 2000. »

👉 La série « La conspiration du silence » sera disponible sur France.tv à partir du 17 novembre