La tribune du Marquis : un manège, c’est aussi du patrimoine !

Dans la nuit du 4 au 5 octobre, l’emblématique carrousel de la place du Bareuzai a été emporté par les flammes, à Dijon. L’origine de l’incendie est inconnue à l’heure où nous écrivons ces lignes. Installé en 1978, ce manège emporte avec lui les souvenirs d’enfance de nombreux dijonnais. Julien Marquis, notre chroniqueur patrimoine, livre son ressenti à chaud.

À gauche, le carrousel de la place du Bareuzai sous ses beaux jours (© Lilian Erdmann). À droite, le manège détruit par les flammes, la nuit du 4 au 5 octobre à Dijon (© François Rebsamen/Facebook).

Par Julien Marquis

Cette nuit, le carrousel de la place François-Rude a été détruit par le feu. C’est un fait divers bien tragique qui va certainement émouvoir de nombreux Dijonnais aujourd’hui. C’est un pan récent de l’histoire dijonnaise qui disparaît. Installé depuis 1978 sur une place mythique de Dijon, ce manège en a fait tourner des générations d’enfants !

Le carrousel, c’est d’abord un symbole perdu, celui du temps des chevaux, qui paradaient en quadrilles et exécutaient des figures. C’est cette nostalgie d’une époque révolue qui fait naître dans la deuxième moitié du XIXe siècle les carrousels, manèges pour enfants. Depuis, le bonheur de plusieurs générations ne désemplit pas. Alors, lorsque le carrousel de la place du Bareuzai disparaît à Dijon, je n’ai pas envie de vous parler de tourisme ou d’économie. J’ai juste envie de vous parler de la tête de mes enfants, de nos enfants, lorsqu’ils découvriront le drame. Leur manège n’est plus là.

Parce que l’histoire d’un manège et intimement liée à l’histoire des enfants qui l’ont fait tourner. Imaginez celui-ci, installé depuis 45 ans, qui a du voir passer des centaines de milliers d’enfants dijonnais et du monde entier. Quel Dijonnais célèbre de ces 50 dernières années se souvient avoir chevauché un valeureux destrier de ce mythique carrousel ? Il y aurait probablement de belles surprises et de belles anecdotes à raconter. D’un point de vue plus terre à terre, il sera probablement changé par un autre, reconstruit, nous le retrouverons sûrement. Nous devons le retrouver. Il fait partie de notre histoire, récente certes, mais ineffaçable. Ce n’est pas Notre-Dame de Paris, mais notre rapport à ce lieu est quelque part identique.

Alors si le carrousel devait ne pas revenir, il faudrait que nous nous mobilisions. Pas de Bernard Arnault ou de milliardaires, mais juste des habitants d’une ville, qui ont perdu une parcelle de souvenir et de moments joyeux. Un pan de patrimoine ne se définit pas toujours en fonction de son ancienneté ou de la préciosité de son décor. Il se définit tout simplement par l’usage que l’on en fait et par l’importance qu’il a dans le temps pour les gens qui le contemplent.

Le saviez-vous ?
Le carrousel de la place du Bareuzai rendait hommage à l’œuvre de Gustave Eiffel. Le manège était décoré de peintures des plus beaux monuments réalisés par le génie dijonnais. Triste fait divers alors que l’on célèbre actuellement le centenaire de sa mort.