Pierre de Benoist (domaine de Villaine), président normal

Il couve un domaine dont le nom rayonne dans le monde car nommé d’après son oncle Aubert de Villaine. Pierre de Benoist respecte cet héritage et entretient une relation sincère avec l’appellation, au point d’être le président naturel de l’ODG Bouzeron.

Pierre de Benoist, du domaine de Villaine © Julien Lasota

Par Charles Rigaux
Pour DBM spécial Aligoté in Dijon

« Il rayonne sur la Côte chalonnaise mais son cœur, lui, est bel et bien à Bouzeron. » Pour qualifier le domaine de Villaine, Pierre de Benoist reste fidèle à lui-même, sobre et direct. Il est arrivé ici à l’aube du nouveau millénaire, dans l’exploitation rachetée en 1971 par Aubert et Pamela de Villaine, lui le « fils de vigneron à Sancerre (ndlr, domaine du Nozay), qui rêvait d’être astronaute étant enfant ».
Pierre a finalement tracé sa voie lactée au ras du terroir, dans un vignoble qui lui rappelle celui de son enfance : « J’ai été biberonné au sauvignon et j’ai retrouvé dans l’aligoté la même famille aromatique », plaide le vigneron, guidé par la recherche d’une pureté terroiriste, à l’aide d’une approche pragmatique et emprunte d’une modestie qui colle à la Côte chalonnaise : « L’idée de base est que le vin doit être bu ! »

La main invisible

Cela passe par la culture bio depuis 1986 et, il y a une dizaine d’années, le choix d’une conduite biodynamique. « C’est un travail de tous les instants. Le vigneron doit toujours être conscient de son geste, pour qu’il soit ensuite oublié dans le vin. » Cette idée de main invisible est particulièrement vraie en ce qui concerne le bouzeron, passionnant terrain de jeu s’il en est : « Nous avons ici des très vieilles vignes, dont certaines d’environ 115 ans. Bouzeron, avec ses notes salines dans sa prime jeunesse, rappelle très naturellement qu’avant d’être des terroirs, des climats, nos sols correspondaient à des fonds marins dont la mer a disparu il y a plus de 250 millions d’années », souligne le président. L’appellation se met ainsi progressivement à l’abri du cliché du petit blanc frais à boire vite. « C’est en réalité un vin taillé pour la garde, exprimant dans sa prime jeunesse une salinité presque iodée ainsi qu’une acidité qui amène de la fraîcheur. » Le caractère du cépage y est pour quelque chose aussi. On le dit « doré » par ici, à cause d’une peau plus fine que le traditionnel aligoté produit ailleurs en Bourgogne, qui lui donne une jolie teinte dorée et favorise un équilibre entre alcool et acide. Cette typicité a encouragé l’ODG à officialiser en 2013 la naissance d’un Conservatoire de l’aligoté. Car un trésor pareil se doit d’être bien gardé. Et partagé, cela va de soi.


Domaine de Villaine, 2 rue de la Fontaine à Bouzeron 03.85.91.20.50