Shop in Dijon, la fédé des commerçants dijonnais, joue désormais en première ligue

Shop in Dijon est sur tous les fronts. La piétonnisation et l’animation des halles cet été en est le symbole le plus visible. Dans d’autres sphères, la fédération murmure à l’oreille du gouvernement via l’association nationale CAMF, qu’elle a cofondée. Rencontre avec Denis Favier, son président aux pantalons toujours éclatants.

Denis Favier, président de Shop in Dijon, à la buvette du Festiv’Halles. © ARNAUD MOREL

C’est à la buvette du Festiv’Halles que Denis Favier nous a donné rendez-vous, et il arrive – pour faire mentir notre accroche ? – habillé d’un jean de facture classique, loin des pantalons verts ou roses qu’il aime porter. Le sourire, lui, est bien là, de même que l’humour et le sens de l’autodérision. « Je suis sans doute l’un des plus mauvais clients pour les animations que nous mettons en place cet été. Je sors très, très rarement », pose-t-il en guise d’entrée en matière.

Depuis septembre 2015, il assure la présidence de Shop in Dijon, la fédération des commerçants et artisans du centre-ville de Dijon, à la suite d’Olivier Padieu, le nouveau patron d’Optic 2000. C’est lui qui a initié la transformation de la ronronnante J’aime Dijon en la machine bien huilée qu’est devenue Shop in Dijon : 450 commerçants du centre-ville adhérents, ce qui lui confère une belle légitimité pour porter la voix du petit commerce. « Nos missions sont bien sûr d’animer le centre-ville, pour le rendre attractif, mais aussi de fédérer et d’aider nos adhérents », décrit-il.

Hors du clivage centre-ville versus Toison d’Or

Shop in Dijon emploie trois personnes, dont son directeur, Matthieu Honnorat, recruté en février 2016, sur lequel Denis Favier ne tarit pas d’éloges. « Sans Mathieu, la fédération ne serait pas grand-chose. Je crois que nous formons un bon duo, un tandem qui matche. » Le duo aime faire bouger les lignes et jouer du contre-pied. Ainsi Shop in Dijon s’éloigne-t-elle de la figure imposée des commerçants de centre-ville luttant contre ceux de la périphérie. « Nous sommes complémentaires », martèle le président, qui poursuit : « La Toison d’Or est un aimant à clientèle pour le centre-ville. » À regarder le ballet des trams bondés qui desservent l’immense centre commercial du nord de la métropole, on pourrait en douter. « 5 à 10 % des visiteurs de la Toison viennent du centre de Dijon, plus de 90 % viennent des périphéries, ou des grands extérieurs », corrige-t-il.

Si « péril périphérique » il y a, à Dijon, c’est du côté de Valmy que ça se passe. « Cette zone tertiaire se développe fortement et vide une partie du centre-ville des employés de bureau qui y travaillaient. C’est un vrai manque à gagner pour les restaurateurs, le midi », analyse-t-il. En ce domaine, comme dans d’autres, la devise de la fédération dijonnaise semble être de faire grossir le gâteau plutôt que de se disputer des parts trop réduites. Aussi Shop in Dijon a-t-elle appuyé de toutes ses forces l’idée d’une piétonnisation du pourtour des halles à la faveur de l’été, pour augmenter considérablement les terrasses.

Matthieu Honnorat et Denis Favier forment le tandem directeur-président de Shop in Dijon. © CHRISTOPHE REMONDIÈRE

L’idée Festiv’Halles

Pour renforcer cette saine idée, retenue par la mairie, l’équipe de Denis Favier a imaginé un Festiv’Halles. Chaque soir ou presque, les quatre rues qui bordent les halles accueillent une animation : exposition le lundi, marché de créateurs le mercredi, déambulation musicale le jeudi. David Zuddas, croisé en train de dresser sa terrasse, brosse un premier état des lieux positif de l’opération, après quelques soirées de rodage. « Toutes les tables ne sont pas pleines, mais nous sommes confiants, et heureux de l’initiative », note-t-il.

Difficile, pourtant, de faire l’unanimité dans une profession par nature individualiste. « Il m’arrive de recevoir des courriers désagréables, surtout quand je m’offusque, dans la presse, que certains commerçants n’ouvrent pas le dimanche, alors qu’ils en ont la possibilité. On peut me reprocher de trop parler, mais je suis sûr de mon fait. Regardez les Galeries Lafayette, qui sont ouvertes tous les dimanches et qui voient leur chiffre d’affaires progresser. Ils ont créé une nouvelle clientèle du dimanche, elle existe ! ».

Shop in Dijon, porte-voix ministeriel

Shop in Dijon ne se laisse pas arrêter par ces querelles et entend bien faire porter sa voix, au plus haut niveau possible. Avec la mairie, les relations sont plutôt très bonnes. « Beaucoup a été fait dans la ville : le tram, la piétonnisation, la rénovation du Musée des Beaux-Arts. Je demeure cependant convaincu qu’il faut que le centre-ville puisse accueillir tout le monde, y compris les voitures », glisse Denis Favier. Shop in Dijon reçoit 95 000 euros annuels de la Ville, charge à elle d’utiliser ces fonds au mieux pour dynamiser le commerce.

La crise des gilets jaunes puis celle du Covid ont été l’occasion de voir plus loin encore. « Avec Eric Malézieux (son homologue bordelais), nous avons écrit au ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, pour attirer son attention sur les difficultés des commerçants liées aux manifestations du samedi des gilets jaunes. Nous avons été reçus cinq jours plus tard, et avons obtenu une enveloppe de 285 000 euros pour le commerce dijonnais, somme que la ville a charge de redistribuer. Ce succès a fait qu’avec nos amis bordelais, nous avons eu l’idée de lancer l’association Commerçants et artisans des métropoles de France (CAMF) », explique Denis Favier. La CAMF connait un succès immédiat et regroupe, à son lancement fin novembre 2019, déjà 14 villes. « Avec la crise du Covid, nous sommes devenus un interlocuteur régulier des ministères, avec lesquels nous sommes en contact hebdomadaire », conclut Denis Favier.