Sladana Zivkovic : « Je ne me doutais pas à ce point du retour de nos touristes voisins européens à Dijon »

La présidente de l’Office de tourisme de Dijon Métropole aborde cette drôle de saison avec malgré tout un minimum de confiance. Le patrimoine de la métropole bourguignonne survivra au virus. Entre gestes barrière et un certain retour des touristes venus des pays voisins, 2020 fera son chemin, été indien compris. Sladana Zivkovic la première, en est convaincue.

Bras armé de la métropole, l’Office de tourisme dijonnais et sa présidente Sladana Zivkovic capitalisent dans l’immédiat sur un « retour aux sources » dont la chouette est l’emblème évident. De la main gauche, ça porte bonheur ! © Isabelle Smolinski

Comment aborder une saison aussi inhabituelle, avec l’ombre du Covid qui plane ?
Sladana Zivkovic : L’état d’esprit est positif tout en restant attentifs aux respects des règles sanitaires, nous constatons que tous les acteurs y compris l’OT ont intégré ces précautions. Nous accueillons les touristes en toute sécurité. 

Les objectifs sont sans doute très prudents…
Nous ne pouvons pas nous projeter comme sur une saison habituelle, c’est vrai, la jauge et les contraintes impacteront forcément le nombre de nos visiteurs (3 millions par an avant 2020). Mais il faut rester optimiste, le tourisme reprend…

Du coup, comment avez-vous mobilisé vos troupes ?
J’ai souhaité que l’office de tourisme ouvre en même temps que les commerces, dès le 11 mai. Nous avons tout de suite eu des demandes de renseignements sur les activités qui allaient reprendre. Nous avons adapté nos horaires, notre méthodologie d’accueil et nos locaux : jauges limitées, port du masque systématique et obligatoire, distances de sécurité…

« Les hôteliers mettront encore plus de temps à s’en remettre. Nous avons reporté le reversement de la taxe de séjour pour l’année afin de les aider à redémarrer. »

Sladana Zivkovic

Que fait l’OT pour le monde commerçant, particulièrement affecté ?
Nous sommes à leur écoute et à leur service. Nous travaillons avec Dijon Métropole, qui a exonéré les commerces et les restaurants de toutes les taxes, agrandi les terrasses et rendu piéton le pourtour des halles. J’ai également pris des mesures d’exonération d’adhésion à l’Office de tourisme pour cette année. Je pense également aux hôteliers qui mettront encore plus de temps à s’en remettre. Nous avons reporté le reversement de la taxe de séjour pour l’année afin de les aider à redémarrer.

Le bon côté des choses, c’est de devoir séduire un public français et construire une véritable politique de tourisme de proximité. Avec quels arguments ?
Au tout début, nous avons pensé à un public français uniquement. Mais très vite, dès l’ouverture des frontières, je ne me doutais pas à ce point du retour de nos touristes voisins européens : Belges, Suisses, Hollandais… Avec notre Dijon City pass (24, 48 ou 72 h) nous misons sur notre richesse patrimoniale. Le cœur de ville est d’une élégance rare et nous avons aussi des espaces verts et arborés, avec de très beaux parcs et jardins. Sans oublier la route des vignes et de la nature. Nos deux campagnes de communication sont ciblées sur le retour aux sources, à la sérénité, et cela prolongé sur toute l’arrière-saison qui connait un regain de plus en plus important.  

Quels sont les plus gros atouts de Dijon en ce millésime 2020 ?
Je ne sais pas si l’on peut parler de millésime tant les conditions sont particulières mais l’équipe de l’office a redoublé d’imagination pour créer de nouvelles visites et animations. L’une de ces nouveautés a été mise sur pied avec l’établissement Monsieur Moutarde et le cassissier Briottet. Il s’agit d’ateliers cocktails ! Qui dit atelier dit « main à la pâte » et nous savons que nos touristes apprécient participer et apprendre des recettes en tout genre. Notre incontournable montée de la Tour est relancée avec en plus des apéritifs, une formule supplémentaire liant dégustation et atelier vins.

Les ateliers moutarde à confectionner soi-même font aussi partie du panel de l’Office de tourisme de Dijon Métropole, présidé par Sladana Zivkovic. © Yann Glauser

Le Musée des Beaux-Arts, circonstances obligent, s’est un peu fait voler la vedette par les « petits » musées. Une affection particulière pour l’un d’entre eux ?
Le MBA est notre joyau national et international, l’un des plus beaux musées de France et d’Europe. Nos partenaires internationaux sont émerveillés. La venue de 250 000 visiteurs dans les mois qui ont suivi sa réouverture en mai 2019 confirme cette exceptionnelle richesse que nous avons à Dijon, accessible gratuitement. En ce qui concerne les plus « petits » musées, le musée Magnin est touchant. Sa riche collection privée et la beauté de cet hôtel particulier nous projettent dans un autre temps.

Quelle est la marge de progression du secteur sauvegardé de la ville ?
Nous avons là aussi une distinction exceptionnelle. Dijon a l’un des secteurs sauvegardés parmi les plus étendus de France, reconnu pour sa densité et la qualité de son patrimoine historique. Quelque 300 édifices se côtoient. Églises romanes et gothiques, maisons médiévales à colombages avec des ruelles étroites à l’image de la rue de la Chouette, l’imposant Palais ducal ou encore de somptueux hôtels particuliers XVIIe et XVIIIe siècles… Depuis le 4 juillet 2015, ce site fait partie du périmètre des Climats de Bourgogne sacralisés par l’Unesco. Il fait l’objet d’une visite dédiée et je souhaite que l’association des Climats, au sein de laquelle je siège, s’en empare davantage car nous avons tous ce bien universel entre les mains. Il faut le faire vivre sous tous ses aspects.

L’animation a dû s’adapter elle aussi. Le Brunch des Halles, Garçon la Note notamment, ont revu leurs menu et partition pour que l’été continue.…
Garçon la Note, c’est un évènement incontournable de nos animations de l’été, encore plus dans des conditions où l’intérieur est bridé. Le succès est au rendez-vous sur les terrasses des cafés et restaurants. Le brunch a su s’adapter avec la formule à emporter qui elle aussi ravit les habitants et les touristes. Elle incite à partir pique-niquer avec son panier sous le bras ! 

L’EPIC de Dijon veut nouer des liens avec son environnement viticole. Quelles sont les grandes avancées de cette stratégie ?
Nous avons noué une convention de partenariat avec l’office de tourisme de Gevrey, et nous développons des offres communes avec la Côte de Nuits. Nos visites et ateliers autour du vin connaissent un grand succès : les Jeudi Vin, les ateliers vin et dégustations à Dijon ou en partenariat avec le Château de Marsannay, mais aussi les châteaux de Meursault et Pommard. Nous accueillons à Dijon de plus en plus d’établissements dédiés au vin et à sa dégustation.

J’habite Chatillon ou Seurre, que me dites-vous pour me convaincre d’une virée à la capitale ? Et ce soir, par beau temps, vous allez faire quoi ?
Le mardi ? Pourquoi pas Dijon by night. Le jeudi ? Les Jeudi vin s’offrent à vous. Le dimanche ? Emportez votre brunch confectionné par nos meilleurs restaurateurs à partager en famille ou entre amis, pourquoi pas dans le vignoble. Le reste du temps, venez visiter ou redécouvrir Dijon en toute tranquillité, avec son patrimoine exceptionnel et son musée rénové. Posez votre regard sous un angle nouveau au profit des montées de la Tour revisitées et agrémentées par des dégustations. Laissez-vous guider au hasard ou avec nos audio guides. Quant à moi, ce soir, je file rejoindre mes amis à une terrasse pour partager un repas et un concert de Garçon la note !