Thierry Perceval, adieu au chevalier servant du Clos de Vougeot

Il était un maître d’hôtel aux qualités rares, aussi discret qu’indispensable. Thierry Perceval est mort ce dimanche 19 février des suites d’une maladie, à l’âge de 55 ans. Le château du Clos de Vougeot pleure un fidèle chevalier servant.

Thierry Perceval en octobre 2021, lors du chapitre des Sarments et des Climats, dans le grand cellier du château du Clos de Vougeot. © Véronique Roger-Lacan

Prendre soin des gens était son métier. Dans le grand cellier du château du Clos de Vougeot, depuis 2016, il orchestrait les brigades du service et de la sommellerie, notamment lors des fameux chapitres de la confrérie des Chevaliers du Tastevin.

Tous ceux qui fréquentaient les lieux connaissaient son visage. Thierry Perceval y travaillait depuis de longues années, au départ en tant que simple « extra ». Un professionnel sans égal et sans égo, parfait représentant de ces dizaines de serviteurs de l’ombre. Sans eux, sans leur générosité de tous les instants et leur foi en un métier si peu à la mode, le château du Clos de Vougeot ne serait pas ce temple de l’art de vivre en Bourgogne et dans le monde, comme l’évoquait récemment le nouveau grand maître Jean-François Curie.

« Si tout le monde le connaissait par son prénom, son patronyme chevaleresque lui allait parfaitement. Il savait mener les équipes pour que le service se déroule au diapason. L’hommage de Véronique Roger-Lacan (ndlr, ambassadrice de France auprès de l’Unesco, voir ci-dessous) lors du chapitre des Climats en 2021 en dit long. Elle avait repéré son talent. Il n’y a pas de grandes organisations sans ces grands talents », loue Arnaud Orsel, l’intendant général de la confrérie.

Éloigné du château depuis septembre

« Thierry » était fait d’un bois rare dont on fait les bonnes âmes, un peu épineux en surface mais tendre en son cœur. À Vougeot, le maître d’hôtel promenait sa mine pince-sans-rire, le geste toujours sûr, connaissant tout le beau monde du château mais ne flirtant jamais avec l’impudeur. La fonction voulait cela.

Depuis septembre, un fichu cancer l’avait tenu éloigné « d’un château qu’il aimait sincèrement, pour lequel il ne comptait jamais son temps », glisse son directeur Richard Fussner. Les équipes l’aimaient. Elles ont longtemps espéré son retour, lui glissant volontiers qu’il était « un warrior », car l’homme avait surmonté bien d’autres maux au cours de son existence, dont un infarctus durant le confinement. À chaque fois, Thierry était reparti au combat, auprès de ses protégés, ne laissant rien transparaître.

Mais cette épreuve-là ne lui aura laissé aucun répit. Elle a fini par causer sa perte ce dimanche 19 février, à l’âge de 55 ans, entouré de son épouse Elisabeth et de Camille, sa fille apprentie sommelière de 18 ans. Thierry a rejoint son prédécesseur et mentor Christian Schroeder, un autre personnage emblématique du Clos de Vougeot, disparu il y a cinq ans. Qu’ils en profitent, ceux tout là-haut : ils ont de si bons serviteurs auprès d’eux.


La rédaction de DBM et Bourgogne Magazine, qui a eu la chance d’être tant de fois l’un de ses hôtes, adresse ses plus chaleureuses pensées à ses proches et à tous ses collègues.

Générosité et application : Thierry Perceval ne savait travailler autrement, comme ici lors du dressage de la table de Léonce, un été au château du Clos de Vougeot. © Serge Chapuis