Acheter des pièces du domaine des Hospices de Beaune sous la halle, le troisième dimanche de novembre, est un art subtil de professionnel du vin. C’est aussi un élan du cœur, au nom de six siècles d’histoire et d’une suprême cause hospitalière. Certains acteurs en ont fait un sacerdoce. À la marge de la 165e édition, DBM en a sélectionné une dizaine, soit autant d’histoires à saisir au fil cette intime « descente aux enchères ». Louis Jadot, maison beaunoise depuis 1859 et protectrice du couvent des Jacobins, en fait évidemment partie.

« Nous sommes un petit acheteur… » La modestie honore les siens mais elle cache l’importance de la deuxième maison de vin en Bourgogne, enracinée à Beaune depuis 1859 grâce à un « voyageur de commerce » originaire de l’Auxois, Louis Henry Denis Jadot. Thibault Gagey représente la troisième génération de la famille Gagey dans la maison, après son grand-père André et son père Pierre-Henri, par ailleurs longtemps engagé à la présidence de l’interprofession (2006-2013).
Sa première Vente des vins eut lieu en 2014, pour son retour en Bourgogne, à tout juste la trentaine. Il admet un penchant pour les rouges et en particulier l’appellation Beaune, dont il est un fervent (pro)moteur au sein de l’ODG, la maison étant elle-même propriétaire de 25 hectares.
Avec son président Thomas Seiter et son directeur technique Frédéric Barnier, il sera à nouveau sous la halle mi-novembre. L’occasion de « prendre notre part dans l’histoire généreuse de Beaune et de la Bourgogne » alors que le vent peut tourner tant « nous vivons une période très particulière, où les actes fédérateurs sont importants. »
Louis Jadot prend aussi soin de quelques joyaux : l’une des plus belles cuveries de la Bourgogne, un magnifique monopole Clos des Ursules, et le couvent des Jacobins. Ce bâtiment du XVe siècle, jadis voulu comme la plus belle église de Beaune, a d’ailleurs été érigé pour concurrencer un certain Nicolas Rolin. L’histoire est bien moins tumultueuse aujourd’hui. « Ce site d’exception permet d’accueillir des amis et partenaires venant du monde entier en novembre », apprécie le dirigeant.
Il est alors temps d’ouvrir ces flacons abordant la fameuse tête de Bacchus. Ces amitiés sont souvent américaines, puisque, depuis 1985, l’actionnaire principal n’est autre que la famille Kopf, importateur historique de la maison outre-Atlantique. Il arrive que ces clients ramenent aux États-Unis un peu de vin des Hospices. « Certains nous sont fidèles depuis des décennies. » Petit acheteur, pourquoi pas, mais grand ambassadeur.




