La Fête du train au pays des grands noms consacre la miniature et voit le monde en grand. En reconstituant l’atmosphère des trains mythiques de la Compagnie internationale des wagons-lits, lors de sa prochaine édition les 13 et 14 décembre, l’événement murisaltien réunit la crème de l’Orient-Express.

Il n’y aura pas de demi-mondaines ensorceleuses au menu, ni d’assassins traqués par le fameux Hercule Poirot. Mais c’est bien l’ambiance reconstituée de l’Orient-Express et des wagons Pullman qui trônera à l’entrée de la Fête du train au pays des grands noms, les 13 et 14 décembre prochains.
Habituellement, le village de Meursault attire le monde entier à lui. En retour, il plongera cette fois-ci dans l’atmosphère des grands voyages. En ces temps de raideur d’esprit et de fausses pudeurs, ce genre d’événement dans l’événement aidera chacun à se faire sa propre idée du luxe.


Dans la voie de Sidney Lumet
Entre les décorations de Lalique, les boiseries de René Prou et la merveilleuse vaisselle de la Compagnie des wagons-lits, les visiteurs du salon triennal de la miniature ferroviaire auront donc matière à fantasmer sur cette période de l’entre-deux guerres, où l’on aspirait à vivre l’exception de manière décomplexée, à condition, bien évidemment, d’en avoir les moyens.
8 000 à 10 000 ferrovipathes et autres amateurs de voie ferrée en modèle réduit, admirateurs fous de la précision pathologique qui habite les gardiens du patrimoine ferroviaire, viendront à nouveau de toute l’Europe pour admirer les dioramas de toutes sortes et chiner des objets introuvables ailleurs.
La miniature a ce pouvoir paradoxal de vous faire voir les choses en grand. Mais en parvenant à convaincre le collectionneur Michel Cozic de venir avec tout son « atti-rail » à Meursault, Denis Thomas, initiateur du projet, a franchi un cap. Le maire de Meursault, ancien cadre de la SNCF « convoque » ainsi le grand public à partager ses rêves éternels de gosse.
Michel Cozic est aussi de son monde. Le virus du train lui est venu de sa mère, employée aux ateliers de la Gare du Nord, à l’endroit même où fut tourné le film phare de Sidney Lumet inspiré de l’œuvre d’Agatha Christie, Le crime de l’Orient-Express (1974). Cet univers l’a embarqué, dès 1997, dans le tourbillon de la collection. L’homme vit désormais au rythme de sa passion, sans concession.
Miniatures exceptionnelles et reconstitution impressionnante d’une gare montrent que l’homme est déjà un adepte du modèle réduit. Mais c’est bien l’imaginaire des wagons-lits et des wagons-restaurants en 3D qui le transporte au plus profond de son être. Grâce à un savant mélange de reconstitution et de collecte d’objets exceptionnels, il a recréé, en sous-sol, la mélodie du bonheur de voyager à bord de l’Orient-Express.
Destination Constantinople
Ils ne sont qu’une poignée, dans toute l’Europe, à appartenir au cercle des experts du sujet. Les objets de Michel Cozic ont enrichi de grandes expositions un peu partout dans le monde. On en verra donc certains à Meursault, sous la forme de trois tableaux.
Un premier décor présentera l’Orient-Express de la période qui chevaucha les XIXe et XXe siècles. Avec un équipement digne des plus grands palaces : ambiance art nouveau, bois de teck, marqueteries et plafonds peints à l’italienne, vaisselle de faïence de Gien aux armes de la Compagnie des Wagons-lits, argenterie Christofle.
Deuxième tableau, les années folles et les mythiques voitures en métal peintes en bleu et or qui ont fait la légende du Train bleu. L’art déco est omniprésent. Les vins aux étiquettes de la compagnie – dont le meursault cela va de soi – font partie de l’offre servie dans toute l’Europe. Le Venise-Simplon-Orient-Express, comme son nom l’indique, passe par le tunnel du Simplon avant de rejoindre Venise puis Istanbul en bien moins de temps que l’Orient-Express. Agatha Christie l’empruntera 36 fois pour accompagner son mari en partance pour des campagnes de fouilles archéologiques en Mésopotamie. La suite est à lire entre les lignes de l’incomparable production littéraire de la romancière.
Enfin, troisième volet de la saga ferroviaire : le Pullman. En 1929, on inaugurait le plus luxueux de ces trains de jour, le Côte-d’Azur Pullman Express. On le prenait à Paris, dès potron-minet, pour être le soir-même face au soleil couchant de la Riviera. 28 places dans chaque voiture, un décor somptueux portant les signatures de Lalique et Prou, un service hors pair assuré par le conducteur. En trois mots : luxe, calme et volupté.
Entre les murs du centre sportif Hubert Rougeot, mi-décembre, chacun pourra s’émerveiller devant l’univers dont jouissaient les passagers de ces trains hors du commun. Sur la voie qui les menait de Paris à Constantinople, coulait une vie délicieuse, faite de menus somptueux et de grands vins. Les belles dames tenaient élégamment leur porte-cigarettes alors que ces messieurs, entre cigare et cognac, entrevoyaient déjà la suite de l’histoire, quand tous se retrouveront dans l’intimité soyeuse de la couche conjugale… ou pas. Les demi-mondaines évoquées plus haut, faisaient en effet partie du décor. Entre luxe et luxure, la frontière est ténue.

Tataki de langoustines et caviar osciètre, mousse légère de brillat-savarin, lentilles caviar et gaufre liégeoise en hommage au fondateur belge de l’Orient-Express, Georges Nagelmackers. ©IG

Pigeonneau de Corton cuit sur coffre et laqué au miel de tilleuls. Pithiviers de truffe de Bourgogne Père Bret et frisée fine au jus de truffe. ©IG

Takashi, chef de gare
Pour en avoir un avant-goût, avec un appétit aiguisé, DBM a donc rencontré Michel Cozic. Une expédition digne de la Compagnie des wagons-lits. Montant à bord d’un camion-express reliant à titre exceptionnel Meursault à la banlieue parisienne, le vigneron d’Auxey-Duresses Gilles Lafouge, lui-même passionné de la chose ferroviaire et le cuisinier étoilé Takashi Kinoshita.
Son nouvel établissement, Le Murisaltien, est en réalité l’ancienne Auberge de la gare. Ce qui lui vaut, implicitement, le double titre de chef de gare. Alors que la Fête du train au pays des grands noms sera en plein trafic ferroviaire, mi-décembre, il proposera chez lui un menu clin d’œil à l’Orient-Express. Mais pour la circonstance, il a concocté une valse à trois plats hommages, à la hauteur du défi. Magique. Le libellé des assiettes (voir photos et légendes ci-dessus) se suffit à lui-même.
En vis-à-vis de ce voyage gustatif partagé en comité restreint (pardonnez-nous !) et pour les besoins de la cause, quelques vins du domaine Lafouge sont venus parfaire le scénario. Dont le très exclusif meursault Clos de Rougeot monopole.
Le mariage met et vin scelle alors définitivement l’idée que la patrie murisaltienne, qui bat tous les records en matière de gastronomie avec une quinzaine de belles tables sur un tout petit territoire, est bien le lieu où tout le monde doit descendre.
La Fête du train au pays des grands noms
Imaginée par une poignée de passionnés murisaltiens dont le maire de la commune Denis Thomas, portée par l’agence de tourisme et sa cheville ouvrière Séverine Pozet, la Fête du train au pays des grands noms vivra sa 7e édition les 13 et 14 décembre, dans le cadre du Centre sportif Hubert Rougeot de Meursault. L’exposition, sur près de 2500 m2 sera organisée sous forme de « quais » :
• Quai réseaux : dioramas, modules, clubs.
• Quai artisans : sociétés et entreprises.
• Quai boursiers : vente de matériel neuf et de collection.
• Quai culturel : librairie et exposition de peinture.
À la marge de l’exposition principale Les trains de nuit, que nous évoquons ci-contre, avec la collection unique de Michel Cozic, cette édition propose, grâce à Alpisim, la présence d’un simulateur de conduite construit autour d’un pupitre de BB22200, locomotive réformée de la SNCF. Petits et grands pourront ainsi rouler, comme en vrai, sur la Ligne de la Tarentaise nouvellement créée et prendre place à bord du train de nuit qui relie Paris à Bourg-Saint-Maurice via Chambéry dans les années 80-90.
De 10h à 19h le samedi. De 10h à 18h le dimanche.
Adultes : 10€ journée, 15€ pass 2 jours. 10-16 ans, personnes en situation de handicap, demandeurs d’emploi et étudiants : 5€ / Gratuit -10 ans.
Petite restauration sur place – fetedutrain-meursault.fr



