Auto Moto Retro, à fond Congrexpo

Du 6 au 8 avril, Auto Moto Retro Dijon revient pied au plancher pour une troisième année. Conforté par des chiffres 2017 flatteurs, le salon a trouvé sa place dans le cœur des côte-d’oriens, mais pas que. Impatient de dévoiler ses petites nouveautés, le duo exécutif de Congrexpo, Jean Battault et Yves Bruneau, détaille son rapport à l’événement.

Par Michel Giraud
Photo : Christophe Remondière

« C’est un enfant d’Yves Bruneau », concède poliment Jean Battault, le président de Dijon Congrexpo, en portant un regard complice à son directeur général. Auto Moto Retro est né d’une discussion à bâtons rompus il y a quelques années avec des dirigeants de l’Automobile Club de Bourgogne, et notamment le regretté Pierre-Yves du Fou. Né aussi de l’envie des gestionnaires du Parc des Expositions de Dijon de se renouveler, d’imaginer de nouveaux salons, pour que vive leur imposant vaisseau amiral. « Il était regrettable que la région ne possède pas d’événement de ce genre ; le secteur de la voiture de collection est pourtant tellement porteur », note Yves Bruneau, qui n’est jamais le dernier à arpenter le Parc des expositions bondé de guimbardes de collection pour assouvir sa passion (lire encadré). Le directeur a d’ailleurs souvent donné de sa personne pour la bonne cause, en parcourant les salons du genre en France et à l’étranger. Comme en mécanique, la préparation est capitale…

Gloire aux « popu »

En 2017, 19 000 visiteurs ont poussé la porte du salon en seulement trois jours. Soit 5,5 % de plus par rapport à la première édition. Le résultat d’un rééquilibrage méthodique et fédérateur : «  À l’origine, nous avions imaginé un salon de prestige, centré sur des véhicules d’exception, explique encore Yves Bruneau. Mais nous avons considéré que les voitures dites populaires, sans aucun manque de respect, avaient elles aussi un réel pouvoir d’attractivité. Elles représentaient la nostalgie des parents, des grands-parents, des vacances sur la Nationale 7, de notre première voiture… On ne pouvait pas passer à côté de ce que représentent la 2CV ou la 403. Au final, nous avons imaginé réunir deux publics différents, mais totalement complémentaires. »

Dijon Congrexpo s’est alors ouvert aux clubs de collectionneurs, aux professionnels aussi, « pour faire avec » selon la maxime maintes fois répétée par le président Battault. « Nous avons rapidement obtenu l’adhésion de tous, un consensus s’est vite créé autour du projet. Organiser des salons, nous savons faire, nos équipes jouissent d’une véritable expertise. Professionnels et autres passionnés nous ont apporté le reste. Nous nous sommes ouverts au maximum, avec la fierté aussi de mettre en avant de nombreux métiers qui continuent de graviter autour du milieu : des selliers, des carrossiers, des orfèvres de la mécanique… Le véhicule de collection permet de maintenir des métiers de tradition, et si nous permettons de les valoriser, j’en suis ravi. »

Nostalgie de la créativité

Sur ces saines bases, Auto Moto Retro a trouvé son public, bien au-delà des seules frontières côte-d’oriennes. « Nous avons décroché une petite notoriété nationale, c’est vrai, poursuit modestement Yves Bruneau. On ne se rend pas bien compte de ce que représente cette thématique ! Les voitures bien sûr, les motos aussi… Il existe dans le bassin dijonnais un fort attachement à des histoires comme celles de Terrot, les miniatures… C’est un milieu de passionnés, constitué en grande majorité de gens attachants et partageurs, qui se connaissent tous. Nous avons un visitorat transgénérationnel, de tous les milieux sociaux. »

Et la voiture fascine encore. Jean Battault n’a aucun doute là-dessus. « Elle est chargée de souvenirs. Aujourd’hui, on la montre souvent du doigt. On parle vitesse, pollution, place dans les centre-villes… C’est compréhensible. Mais n’oublions pas que la voiture, c’est le droit fondamental de se déplacer. Certaines critiques sont à mon sens contre-productives, il faut se rappeler du poids économique que cette industrie représente pour la France. Du poids de l’histoire aussi : il n’y a pas si longtemps, les plus belles voitures étaient françaises ! Les Français ont sans doute cette nostalgie de la créativité. Aujourd’hui, les créations automobiles se ressemblent terriblement, cela n’a pas toujours été le cas… »

Se faire plaisir en faisant plaisir, voilà le leitmotiv des dirigeants de Dijon Congrexpo. « On ne veut pas en faire un centre de profit, recadre Jean Battault. Après un nécessaire investissement de départ, on tend aujourd’hui vers l’équilibre, et c’est l’essentiel. » Alors que l’édition 2018 affiche encore plus de nouveautés (lire par ailleurs), notamment l’arrivée d’une bourse aux pièces détachées, voilà de bien jolies promesses. Alors en route ! 


 Souvenirs, souvenirs 

Leur première voiture ? Ils s’en souviennent comme si c’était hier. Pour Jean Battault, « un coupé Peugeot 204 Bleu Canard ! » Pour son compère Yves Bruneau, une incontournable « deudeuche ». Le directeur général voue d’ailleurs une passion lointaine pour les belles voitures : « J’ai eu une MGB, une Alfa Giulietta aussi, mais mon plus beau souvenir reste l’Austin Princess. Splendide, carrossée par Vanden Plas… Je me souviens de tout dans les moindres détails, et notamment de cette petite tablette en noyer qui permettait aux passagers arrière d’écrire pendant le trajet ! »