L’ambitieuse politique de tri de déchets d’AVS Communication

AVS Communication porte beaucoup d’attention au tri de ses déchets. Pour le plastique, c’est à Mirebeau-sur-Bèze que le spécialiste de la signalétique a trouvé un débouché : grâce à Reval Plastiques, ses chutes pourraient bien devenir des « Plak ». Explications.

Arthur Deballon, dirigeant d’AVS Communication. © Grégory Girard

Recycler au maximum tous les déchets de production, tel est l’objectif d’Arthur Deballon, le dirigeant d’AVS Communication. Pour le spécialiste de la signalétique dijonnais,il s’agit non seulement d’un absolu impératif environnemental, mais aussi d’un potentiel cercle vertueux économique, en revendant dans la mesure du possible ceux-ci, et d’un gain non négligeable d’image de marque. « Même si en la matière, nous n’avons pas la prétention de laver plus blanc que blanc ; il reste encore tant à faire pour être totalement vertueux », prévient d’emblée le capitaine d’une entreprise prévoyante, qui avait mis en place assez tôt le tri sélectif pour ses papiers, cartons, plaques alvéolaires, aluminium, acier et consorts. Depuis quelques semaines, ce tri inclut les encombrants déchets plastiques, que la France parviendrait péniblement à recycler à hauteur de 30 % selon les chiffres 2020 de l’organisme Citeo.

AVS produit 13 tonnes de déchets par an

AVS produit environ 13 tonnes de déchets à l’année, dont une part non négligeable de dibond (lire encadré ci-dessous) et de plastique en ce qui concerne la PLV. Positionné sur une stratégie RSE dès son emménagement dans de nouveaux locaux en 2018, Arthur Deballon a cherché différentes solutions pour le plastique et en a finalement trouvée une à l’immédiate proximité de la métropole, du côté de Mirebeau-sur-Bèze.

C’est là qu’est installée, depuis 1995, Reval Plastiques, une PME spécialisée dans le recyclage des plastiques industriels, qui emploie huit salariés. Elle achète, collecte, broie et recycle des plastiques provenant de process de fabrication industrielle, rebuts de production, lots défectueux, notamment. « Ce sont des chutes propres, triées à la source par famille de matières par nos fournisseurs. Nous évitons donc des phases complexes comme le lavage, obligatoires pour les plastiques ménagers », précise son directeur Victorien Gardan. 

Vers une cohérencec du mix recyclé

Pour un spécialiste de la signalétique, du plus petit format au monumental, le recyclage n’est pas qu’un mot pour faire joli. En plus du circuit classique de l’acier et de l’aluminium, qui font le bonheur des ferrailleurs, AVS a trouvé deux débouchés différents pour le dibond et le plastique. Le premier est un matériau composite avec du polyéthy­lène (PE) et de l’aluminium, assez difficile à recycler, utilisé pour la majorité des panneaux d’enseigne et de fléchage. « Il a fallu aller au-delà des simples chutes et s’interroger sur le devenir de la matière posée », contextualise Arthur Deballon, qui propose donc aux entreprises clientes de venir déposer leurs anciennes réalisations à des fins de recyclage. Sans crier victoire, le dirigeant avance ses pions avec méthode : « Avec ce nouveau débouché plastique, l’entreprise a maintenant une cohérence de mix global recyclé sur la totalité de ses matières rigides. Il reste encore un gros travail à mener sur les supports souples : tissus, bâches, adhésifs… », tempère celui qui dirige également Axo Agencement, filiale spécialisée dans la réalisation de stands sur-mesure, « une activité qui mériterait à elle seule une stratégie RSE ».
AVS a bien intégré le dispositif Synergies, lancé par Dijon Métropole en lien avec la CCI Côte-d’Or, dont l’objectif est la mutualisation entre les entreprises pour limiter les impacts environnementaux. « Cela se limite pour l’instant à une seconde vie, comme sur nos rouleaux de liner offerts pour des projets d’arts plastiques. Le reste part à la benne… » Le chemin de la RSE, « que les équipes veulent emprunter d’elles-mêmes », est donc encore long.

La Plastics Vallée

L’entreprise trouve près de 80 % de son approvisionnement dans le secteur d’Oyonnax, la « Plastics Vallée » française, notamment chez des fabricants de mobilier de jardin, de jouets, et des sous-traitants de l’industrie cosmétique.

Une fois collectés, les plastiques sont stockés selon leur nature avant d’être recyclés. Reval Plas­tiques traite une large part du spectre du plastique : le polypropylène (PP), le polyéthy­lène haute densité (PEHD) avec lequel on fabrique des bouchons, le polycarbonate (PC) et polyméthacrylate de méthyle acrylique (PMMA) utilisé pour la PLV, entre autres. Ils sont ensuite passés dans l’un des quatre déchiqueteurs de l’en­treprise, qui les réduit en morceaux avant d’être broyés. Reval Plastiques compte également sept broyeurs. Les paillettes produites sont dépoussiérées, puis homogénéisées avant d’être ensachées. Elles sont ensuite achetées par des fabricants de pots en plastique, de tuyaux, d’élé­ments de coffrage qui les réutilisent. 

La volatilité des cours

Tout n’est pas rose pour autant dans le monde de la seconde vie du plastique. S’il existe une vraie compétition sur l’achat de matières à recycler, Reval Plastiques peut compter sur les relations de confiance qu’elle entretient avec ses fournisseurs. Le principal problème vient, aujourd’hui, des débouchés. Le cours du plastique est volatil, et quand les prix sont bas, la tentation est grande pour les industriels de délaisser la matière première recyclée. C’est ainsi que Reval Plastiques a vu son chiffre d’affaires se contracter en 2023, s’établissant entre 2 et 2,5 millions d’euros, contre 3,2 sur l’exercice précédent. « Nous traitons cette année sensiblement le même volume que l’année dernière, entre 3 000 et 3 500 tonnes, mais la demande en plastique recyclé est aujourd’hui assez faible », note Victorien Gardan. Les choses devraient changer dès 2025, avec l’entrée en vigueur d’une réglementation obligeant à utiliser plus de matières recyclées dans les productions. Ce qui n’est pas pour déplaire à la RSE d’AVS. Grâce aux Plak de son partenaire recyclage (lire encadré ci-dessous), à terme, Arthur Deballon pourrait se mettre à vendre de nouveaux panneaux fabriqués à partir d’anciens. Tel serait alors le cercle vertueux et local du plastique.

Plak, le marbre en plastique

Face au manque d’exutoire pour certains plastiques, sous l’impulsion de Leslie Vadot, fille des fondateurs, l’entreprise de Mirebeau s’est lancé un défi : proposer un produit fini destiné au grand public. Plak de son petit nom (en photo ci-dessous) est une plaque dense, lavable, proposée en différents motifs et couleurs, issue de plastiques recyclés et destinée à l’aménagement intérieur. Plan de travail, crédence, mais pas seulement.
« Nous avons vendu notre produit à un fabricant de supports pour vélo-cargo », témoigne Victorien Gardan. L’entreprise fabrique des plaques de 1,2 sur 2,8 mètres, en déployant un process entièrement imaginé en interne.  
Les débouchés semblent bien là, les demandes de renseignement affluent auprès de Reval Plastiques, qui souhaite améliorer encore les différentes étapes de son process de production. « Nous avons développé notre machine avec deux entreprises dijonnaises et nous faisons désormais plancher un bureau d’études chargé d’optimiser la fabrication », explique le directeur.