Particulièrement lié aux vins des Hospices bourguignons (Beaune, Nuits et Dijon), le Marché aux Vins est en soi un pan du patrimoine beaunois. L’esprit des Cordeliers vit toujours ici, rue de l’Hôtel-Dieu, à travers les pierres et la dégustation.

Ici flotte l’esprit d’un des plus anciens monastères de France. Fondé en 1243, le couvent des Cordeliers accueillait des moines franciscains, disciples de Saint François d’Assise, pour prêcher pauvreté et recueillement. Ces mêmes moines donnèrent un terrain à Nicolas Rolin pour la fondation de l’Hôtel-Dieu au XVe siècle.
Après la Révolution, l’église fut détruite, mais les chapelles furent conservées. L’ancienne église des Cordeliers, construite entre la fin du XIIIe et le début du XVe siècle, n’a conservé que trois chapelles et quelques arches dans un espace de 500 m².
Du garage Peugeot aux libations
Au XXe siècle, les moines avaient laissé place à un incongru garage Peugeot. C’est André Boisseaux, génial entrepreneur du vin et pionnier de l’œnotourisme bourguignon, qui rachète les bâtiments, creuse, découvre les vestiges et redonne vie à l’ensemble au fil d’un chantier pharaonique. En 1976, ouvre le Marché aux Vins, un caveau en réalité propice aux libations beaunoises. En novembre 1980, rendez-vous compte, on y faisait déguster une trentaine de vins sur fûts ! Impensable aujourd’hui.
Séduit par le potentiel et l’histoire des lieux, Olivier Halley, propriétaire des Châteaux de Meursault et de Marsannay, arrive en 2012 et entreprend de nouveaux travaux. Avec l’appui de l’architecte des Bâtiments de France, il crée des ouvertures sur la rue de l’Hôtel-Dieu, afin d’éclairer le parcours de milliers de visiteurs : tous les guides touristiques s’arrêtent devant la carte de la Côte-d’Or peinte sur la façade. Sous la direction de Stéphane Follin-Arbelet, le Marché aux Vins a donc vécu sa mue de « plus beau caviste de Beaune et de sa région ».
Près de 30 000 flacons et 1 300 références sont aujourd’hui disponibles, y compris les plus grandes signatures de la Bourgogne : Roumier, Coche-Dury, Leflaive, Méo-Camuzet, Rousseau… Les cartes monumentales des Climats de Bourgogne accrochées aux murs permettent de délivrer une pédagogie adaptée.
Triple Hospices
Le week-end de la Vente des Vins est toujours animé, contingenté à quelque 500 visiteurs. Stéphane Follin-Arbelet et son équipe sont d’autant plus concernés par l’événement que le Marché aux Vins est un acteur fidèle sous la halle de Beaune. « Une seule édition sans vin acheté en quatorze ans », note sobrement le directeur, qui a jadis acheté jusqu’à 18 pièces de vin, et jette généralement son dévolu sur les vins rouges, Beaune et Volnay en priorité.
De quoi compléter la gamme unique en son genre de vin des Hospices bourguignons. La trilogie des Hospices (Beaune, Nuits, Dijon) est en effet possible grâce aux achats lors des ventes de charité et la particularité patrimoniale du Château de Marsannay, producteur des vins de l’Hôpital de Dijon, héritier direct des Hospices fondés au XIIIe siècle sur le même modèle que ceux de Beaune.
Andrea, Italo-bourguignon
Depuis février 2023, le Marché aux Vins s’est judicieusement attaché les services d’Andrea Minardi pour gérer les achats et la stratégie de l’établissement. Ce Sicilien, converti à la Bourgogne depuis que « les parfums d’un Vosne-Romanée ont changé (sa) vie », accompagne une nouvelle phase avec le volontarisme qui le caractérise : travail approfondi sur les appellations, espace de dégustation totalement réaménagé dans l’ancienne église, refonte du site e-commerce, positionnement sur les vins rares… Les équipes suivent le mouvement. Sous les voûtes gothiques des trois chapelles rescapées, Stéphane et Andréa prient symboliquement pour la Bourgogne et les Hospices. Amen !
Le Marché aux Vins propose des visites et dégustations libres ou guidées de 10h à 18h où se côtoient les appellations phares de la grande Bourgogne, de Chablis à Mâcon, et les cuvées d’exception disponibles sur demande.
2 rue Nicolas Rolin à Beaune – 03 80 25 08 20 – marcheauxvins.com



