Dominik Frachot et l’Hôtel Darcy, la fin d’une extraordinaire saga dijonnaise

La famille Frachot et Darcy, c’est fini. Quatre générations ont tenu ce vénérable établissement, dernier grand témoin de la vie dijonnaise. À l’âge de 75 ans, son propriétaire Dominik Frachot a pris la décision de refermer en beauté le roman d’une vie. Il laisse la maison bien rangée, porteuse d’un nouveau nom, toujours avec la fidèle Carole aux manettes. DijonBeaune.fr publie sa touchante lettre d’adieu.

Dominik Frachot avait pris la suite de ses aïeux François, Alfred et Henri en 1977. La vente de son établissement est un événement pour la vie dijonnaise. © Jean-Luc Petit

« Le premier mai 1977, mon épouse Catherine et moi-même reprenions les rênes de l’Hôtel du Nord à Dijon. Cela ne faisait pas du tout partie de nos prévisions professionnelles, mais l’état de santé de mon père m’intimait de revenir aux sources. Cette décision allait changer radicalement notre vie. 
Il y a donc 45 années et demie, après une formation à l’école hôtelière de Thonon-les-Bains (1964-1967), un service militaire de 16 mois, et huit ans dans le groupe Jacques Borel International, je devenais commerçant dijonnais.

Force est de constater qu’à 75 ans, il est peut-être temps de passer la main. Mon fils William, 52 ans, à la tête de son établissement doublement étoilé et après mure réflexion souhaite se consacrer pleinement et uniquement au service de ses deux étoiles Michelin. Je salue cette décision pleine de lucidité, courageuse, qui fait mon admiration. Tout un chacun a pu constater son succès actuel et sa notoriété.

Restaurant de La Porte Guillaume, la saga Frachot par le menu :
👨‍🍳 #1 : 1907 et l’œuf bénédictine
👨‍🍳 #2 : 1920 et le consommé de bœuf
👨‍🍳 #3 : 1939 et les bouchées à la reine
👨‍🍳 #4 : 1977, pâte croûte et ris de veau

Quant à sa fille unique, ma petite-fille Inès, actuellement en Angleterre, bien que possédant de réelles prédispositions, ne souhaite pas exercer cette profession place Darcy. Après un passage par Dijon, elle s’envolera en janvier pour l’Australie où l’attend déjà un contrat de travail.
Ayant eu une approche intéressée des acheteurs de l’hôtel l’Escargotière à Chenôve, nous avons, mon épouse et moi-même, décidé d’accepter leur offre. Celle-ci est effective à partir de ce jour, le 15 décembre 2022 à 15h. Bien évidement, l’ensemble des collaborateurs continuent l’aventure Darcy. C’est sur une année 2022 record en termes de chiffre d’affaires et de résultats que nous laissons les clés de la maison.

Le restaurant de la Porte Guillaume, établissement mythique de l’hôtel Darcy. © Stéphane Rouillard / Kyonyx Photo

Durant ces 45 années passées à Dijon, grâce à mon épouse et mes remarquables collaborateurs, j’ai pu m’engager dans notre syndicat professionnel durant 19 ans (huit en tant que secrétaire général, neuf en tant que président des restaurateurs de la Côte-d’Or), faire partie des membres de la CCI Dijon durant douze ans, être 28 ans à l’Office de tourisme dont 11 comme vice-président, passer six autres années es-qualité à Côte-d’Or Tourisme, sans oublier la vice-présidence des restaurateur de France ou la cofondation de l’association des Maitres-Restaurateurs de France. Je n’oublie pas mes années d’administrateur au CFA La Noue ni ces deux décennies comme administrateur du Palais des congrès de Dijon. Il me restera aussi dans mes souvenirs la responsabilité de la branche bourguignonne de la confrérie de l’Ordre des Taste-Whisky Ecossais.
Je n’oublie pas bien sûr l’aventure de l’Escargotière durant 28 années. Quant à la venue de mon fils sur Dijon en 1999 à la tête de l’Hostellerie du Chapeau Rouge, celle-ci restera le plus de grand moment de notre vie tant comme professionnel que comme parents.

Ce fut un tel plaisir et bonheur pendant quelques mois de transmettre à mon fils, qui venait du Canada, les arcanes administratives françaises. Le reste, il savait le faire… L’avenir l’a prouvé.

Je terminerai en vous remerciant du soutien que vous nous avez témoigné durant toutes ces années, à notre maison, une des deux plus anciennes de la rue de la Liberté, et aussi très souvent à nos équipes. Je vous quitte en exprimant toute mon admiration pour l’équipe en place actuellement sous les ordres de ma directrice Carole, exemplaire et fidèle depuis 37 ans.
Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie… Oui ! Je me suis bien amusé durant ces 45 années à exercer ce métier. Maintenant, j’ai la ferme intention de continuer à le faire, mais dans d’autres passions. »

Carole Panart, 37 ans de maison et un engagement intact au service l’hôtel-restaurant dijonnais. © Jean-Luc Petit