Entretien exclusif avec David Holston, légende de la JDA : « Dijon, c’est ma maison »

Pas encore rassasié, il vient tout juste de s’engager pour une neuvième saison à la JDA Dijon. À 37 ans, le meneur américain est une légende du club et un ovni dans le paysage du basket français. Dans une interview exclusive, « DH11 » force sa nature discrète et revient longuement sur son rapport à la ville et au club, sa famille, ainsi que sur les raisons de son extraordinaire fidélité.

David Holston dans la salle des États du Palais des ducs de Bourgogne. © Jean-Luc Petit / DBM

Son premier match officiel sous le maillot dijonnais, le 3 octobre 2015, appartient à une autre époque. David Holston figure tout en haut de la grande histoire du club. Avec huit saisons au compteur, il est l’homme de tous les records : le plus de matchs disputés (237), le plus de points (3080), le plus de shoots longue distance (535 trois points), le plus de passes décisives (1472)… Alors qu’il vient de prolonger d’une année (plus une en option) à la JDA Bourgogne Dijon pour le plus grand bonheur des fans suspendus à son destin, le joueur de 37 ans force un peu son tempérament introverti pour dire ce que représente cette longévité ici, à 6 500 km du Michigan. L’humilité est le fil rouge de David Holston. Le MVP 2019 a encore des choses à donner à son club de cœur, qu’il considère « comme (sa) famille ». Pour la photo, il pose fièrement dans le cadre symbolique du palais des ducs, où il fut reçu officiellement avec tout le staff après l’incroyable épopée de la Leaders Cup 2020. « Le plus grand moment de ma carrière, celui qui m’a rendu le plus fier », dit celui qui cultive, malgré des difficultés en français facilement pardonnées, un attachement sincère à Dijon.

Lors de sa présentation officielle, en 2015, époque sièges oranges au palais des sports. © JDA Dijon

Après une quatrième place en saison régulière, la JDA s’est stoppée en quarts de play-offs. Quel est votre sentiment ?

Mitigé. Dans l’ensemble, la saison n’est pas si mauvaise, j’essaye d’évacuer la frustration et de prendre du recul sur ce qui a bien fonctionné. Le match à Bourg s’est joué sur quelques possessions, comme toujours dans ce genre de match. 

Dès l’élimination, tout le monde s’est vite focalisé sur votre prolongation.

On en a discuté au fil de la saison, sans déterminer les choses à l’avance. Puis on s’est mis autour de la table avec le président (Thierry Degorce), le manager général (Fabien Romeyer) et mon agent. On a décidé de ce qui était mieux pour les deux parties. J’étais soucieux de savoir s’ils étaient contents de moi. 

Vous en doutiez ?

J’en avais très envie, mais je ne voulais pas que cette prolongation soit un cadeau. J’ai traversé une mauvaise période entre mars et avril, avec un ennui à un auriculaire et une maladie qui m’a fait perdre dix kilos. Je me suis demandé : « Mince, c’est vraiment la fin ? ». Puis j’ai repris le dessus petit à petit. Aujourd’hui, je me sens vraiment mieux. Je pense pouvoir jouer encore quelques années.

Aimez-vous toujours autant ce sport ?

(Sans hésitation) Oui. Sinon, à l’heure qu’il est, je serais en vacances en Grèce. Je sais d’où je viens, mon parcours n’a pas été simple. J’ai dû me battre, le basket a construit ma vie et je ne me vois pas sans lui pour le moment.

Être tout le temps sur le départ, entre deux clubs, c’est bien quand on est jeune, non ?

Oui. En général, tu prends toutes les opportunités qui se présentent. Dans ce métier, tu restes assez peu au même endroit. Tes affaires doivent tenir dans un ou deux sacs, tu as toujours le sentiment d’être à l’hôtel, tu n’oses pas mettre un cadre au mur… C’est un mode de vie particulier. Moi, je suis installé, c’est différent.

Vous vous rappelez de vos débuts en Europe ?

J’étais tellement stressé. Je quittais tous mes repères à 23 ans, mon premier réflexe était de voir s’il y avait des Américains au club. Mon père m’avait accompagné en Turquie pour m’aider. Je savais à peine me faire à manger…

À la base, votre vraie maison, c’est le Michigan. C’est comment là-bas ?

C’est… tranquille. Je viens d’Auburn Hills, une petite ville résidentielle à 20 minutes de Detroit. Mon père m’emmenait voir les Pistons, j’étais fan d’Isiah Thomas, un petit meneur qui avait la gnaque. Son n°11 ne m’a jamais quitté depuis.

Y retournez-vous ?

L’été, un mois généralement. C’est surtout pour profiter de mes proches. En fait, quand je suis là-bas, je me sens presque… (il réfléchit) pas tout à fait à mon aise, vous voyez ce que je veux dire ? Je vis les choses avec détachement.

Si DBM a sollicité cette interview, c’est aussi parce qu’il y a une vraie curiosité autour de votre relation avec la ville de Dijon.

Dijon, c’est ma maison. La ville a un bon équilibre, elle est agréable, elle évolue, le centre-ville a une ambiance apaisante qui me va bien. C’est surtout les gens qui m’intéressent, je les considère comme ma famille. Si j’ai besoin d’appeler quelqu’un, pas nécessairement dans le basket d’ailleurs, je peux compter sur lui. Sinon, sur mon temps libre, on ne me verra jamais faire des trucs de fou car je suis quelqu’un de posé.

C’est vrai qu’on ne vous croise pas beaucoup dehors…

En fait, je sors peu. J’aime bien passer du temps à la maison. Ma vie entière est vraiment tournée autour du basket. On entend souvent les sportifs dire ça, mais je prends tellement soin de mon corps maintenant, vu mon âge. En dehors des entrainements, je fais mes séances au Klube, puis je vais faire un massage ou soigner telle ou telle partie de mon corps. Je ne peux pas rater ci ou ça, car je connais les conséquences. Tous les jours, je prends un bain de glace, j’ai mes petits cubes chez moi . Quand je me pose sur le canapé, j’enfile mes bottes de pressothérapie pendant une heure… C’est pas drôle, mais ton premier capital dans le sport de haut niveau, c’est ton corps.

À 37 ans, on a encore envie de s’imposer toutes ces contraintes ? 

Si tu veux continuer de faire ce que tu aimes par dessus tout, il n’y a pas d’autre choix. Le basket est une mécanique qui peut vite se gripper, c’est un sport de répétition et de repères. Cet été, je ne partirai pas en vacances. Jacques (Alingue) m’a parlé d’un camp d’entraînement, des gars de Strasbourg qui font bosser des joueurs pros en pré-saison sur des petits détails. Je veux être en forme pour ce qui arrive.

« À la fin du match contre Bourg,
il y a eu des larmes (dans le vestiaire) et pas seulement parce qu’on était éliminés. Pour certains, c’était la fin d’une histoire commune. »

Cela pose la question du rythme de vie, de la santé mentale des joueurs.

Je ne me plains pas, il y a des métiers bien pires et tu sais un minimum dans quoi tu t’embarques. Mais c’est vrai qu’il y a plein de choses qui peuvent t’affecter, à commencer par le mal du pays. Il faut être mentalement structuré pour une carrière de haut niveau. J’en ai vu retourner d’où ils venaient et tout arrêter. C’est des sacrifices sur la durée, il  faut affronter des galères personnelles. La plupart des joueurs américains doivent laisser la famille et les enfants à la maison. Chase (Simon) a son petit garçon à Detroit, il aimerait le retrouver et s’interroge vraiment sur la suite de sa carrière. 

Vous-même êtes devenu père assez jeune. Votre fille, Chekayla, grandit aux États-Unis.

C’est… (il marque une pause) Elle aura 18 ans en septembre et pourra vivre de sa passion, la danse. Elle est très talentueuse. D’ailleurs aujourd’hui (ndlr, interview réalisée le 25 mai), c’est son bal de promo. Elle vit avec sa maman près de Detroit. Je suis très reconnaissant envers sa maman, qui a tout fait pour que notre fille devienne quelqu’un de bien. Ma carrière fait que j’ai dû être éloigné d’elle, je regrette de ne pas avoir pu mieux l’accompagner dans sa vie, mais je suis soulagé de voir ce qu’elle devient. Elle est venue à Dijon en fin d’année, on a fait le marché de Noël. Elle aime bien la ville et comment les gens s’habillent (sourires). Forcément, je l’ai emmenée à Paris voir la tour Eiffel.

Vous avez eu des périodes de blues ? 

Surtout quand je suis reparti en Turquie (ndlr, à Samsunspor en deuxième division) en 2017. Cette période (il secoue la tête)… C’est comme si je l’avais effacée de ma mémoire. J’étais le seul Américain de l’équipe, tout le monde parlait turc, on ne faisait que de perdre et je sentais qu’on me remettait la faute dessus. Mon agent me demandait si ça allait, je lui répondais « non, viens me chercher ! » (rires). J’ai remercié le ciel quand j’ai su que Dijon était intéressé par mon retour.

C’est important dans ce métier, les agents ? 

Il t’en faut absolument un en début de carrière si tu veux trouver des débouchés en Europe. Moi, j’en ai engagé un plus important ensuite, parce que je pensais qu’il pouvait m’offrir plus d’opportunités. Mais il y a tellement d’intermédiaires que j’ai voulu simplifier le truc. Maintenant c’est moins capital, et je ne suis pas le meilleur client : à partir d’un certain âge, tu n’es plus un rookie, tu fais tes choix. Si une équipe me veut, elle me contacte en direct et j’en parle éventuellement autour de moi.

Question relations sociales, c’est possible de se faire de vrais amis dans un sport aussi…

Ephémère ? Ça va, ça vient. C’est frustrant, tu te rapproches des gens, tu crées des relations et après, c’est fini. Moi, mon gars, c’est Abdou (Loum), on vit dans le même immeuble depuis cinq ans, c’est mon voisin de vestiaire, ce genre de relation est précieux. D’ailleurs cette saison, c’est l’équipe la plus soudée avec laquelle j’ai jouée. À la fin du match contre Bourg, il y a eu des larmes et pas seulement parce qu’on était éliminés. Pour certains, c’était la fin d’une histoire commune, j’ai senti quelque chose de spécial. Mais ça n’empêche pas de rencontrer des belles personnes, qui ont des histoires de vies passionnantes. Gregor (Hrovat), par exemple, c’est une super rencontre de cette saison. J’ai aussi une complicité historique avec Axel Julien, coach Laurent (Legname), Jacques (Alingue) est aussi un mec que j’aime beaucoup.

On peut être pote avec son coach ?

Avec Laurent, c’est une relation spéciale. On est arrivés ensemble au club. Il peut gueuler et paraître dur sur un terrain, mais il a toujours été juste, il te disait exactement ce qu’il voulait et tu n’étais pas surpris s’il s’énervait. C’est vraiment un bon coach et un bon gars, qui savait être positif et te transcender. Je me rappelle d’une défaite à domicile contre Orléans en plein hiver, il nous avait convoqués le lendemain à 6h du matin pour courir sous la neige…

Nenad Markovic, votre coach, aime maltraiter sa plaquette aussi…

C’est un style un peu différent, il nous laisse plus libres sur le terrain, on se sent responsabilisés. C’est un gros compétiteur et moi aussi. Perso, je n’ai pas de problème avec les coachs caractériels, j’en ai toujours eus, c’est une question d’habitude. Ce qui les énerve, c’est de répéter les mêmes choses encore et encore. Dans ces cas-là, j’essaye de me mettre à leur place. Ça peut se comprendre…

Revenons à Dijon. Vous trainez dans quels coins ? 

Déjà, avec ma copine (ndlr, la handballeuse norvégienne Celine Sivertsen), on aime bien balader Storm, notre bouledogue français (@imstormthefrenchie sur Instagram). J’aime prendre un brunch au Morning Glory Coffee, un bon morceau de viande au Grill & Cow, ou bien aller au Pick & Roll où j’ai carrément mon propre burger. Étant fan de mode, j’aime bien suivre les concept stores comme Monsieur Virgule pour des baskets ou Duke Box, que des jeunes viennent d’ouvrir vers la gare. Pour le coiffeur, c’est Oncle P. Le barber, c’est souvent la première adresse qu’on s’échange entre joueurs. Je lui envoie toutes les nouvelles recrues !

La Bourgogne, ce n’est pas n’importe où non plus… 

Ah, je vois ce que vous voulez dire. Je suis déjà allé dans ces restaurants gastronomiques, où ils te proposent des petites portions dans l’assiette, mais j’avoue que ce n’est pas trop mon truc. J’ai un peu de vin à la maison, des cadeaux essentiellement, dont un… (il cherche le nom) meursault des Hospices de Beaune. C’est bon ça ?

Pas mal. Des stars de NBA payeraient cher pour en goûter sur place.

J’ai vu que Dwyane Wade ou Kevin Love étaient venus en Bourgogne récemment. J’étais genre : « Wow, les mecs viennent vraiment jusqu’ici pour votre vin, c’est fou ! »

« Je sens bien que c’est devenu plus qu’un club de basket, avec du hand, des projets autour du vin et d’autres choses. Si on est dans le top 8 depuis six ans, si on existe sur le plan européen, ce n’est pas un hasard. »

L’autre aspect de votre intégration, c’est la langue. Cette interview se fait en anglais. Dans le sport en général, surtout en France, les supporters aiment bien quand un joueur « fait l’effort ». Sinon, c’est vu comme un désintérêt, voire un manque de respect.

Je comprends. Mais je ne le vois pas comme ça. Je n’ai jamais caché que j’avais du mal avec le français, je le comprends plus que je ne peux le parler. Ce n’est pas pour me chercher des excuses, mais tout se fait en anglais dans ce sport, le vestiaire parle anglais, j’ai finalement peu d’espace pour la pratique. J’ai bien pris des cours au début, mais ce n’était pas vraiment concluant. Il y a un peu de timidité aussi, je n’ai jamais trop osé et c’est resté. Je préfère m’exprimer dans ma langue natale pour être plus précis. Ça ne m’empêche pas de respecter les gens ici et de les considérer comme ma famille. L’important à mon sens, c’est ton attitude, ton état d’esprit au quotidien.

Justement, y’a-t-il à vos yeux un « esprit JDA » ?

Bien sûr. C’est la culture de la gagne, avec des gens depuis très longtemps au club. Il faut être intraitable à domicile, c’est la mentalité dijonnaise. De toute façon, tu ne dois jamais renoncer au basket. Notre budget est modeste, mais nous ne sommes plus seulement le petit poucet qui embête les grands. Le club progresse sur plein d’aspects.  

Vous ressentez ça ?

Oui, le club s’est vraiment structuré, notamment au niveau administratif. Je sens bien que c’est devenu plus qu’un club de basket, avec du hand, des projets autour du vin et d’autres choses. Si on est dans le top 8 depuis six ans, si on existe sur le plan européen, ce n’est pas un hasard. C’est du travail, encore plus dans un championnat exigeant, qui a beaucoup progressé, où tout le monde peut battre tout le monde.  

Ce sport donne parfois l’impression que chaque club est un tremplin pour un autre. En gros, que les joueurs ne voient pas vraiment la différence entre jouer à Dijon, à Pau ou au fin fond de la Grèce.

Ça ne fonctionne pas comme ça. Les joueurs ingérables ou qui se foutent de tout ne durent pas longtemps. Et à Dijon, tu as des piliers qui sont attachés aux valeurs du club et savent transmettre ça. Déjà, première des choses : tu es obligé d’être sérieux, d’être concentré sur ton jeu et ce que tu apportes à l’équipe. Donc la plupart des joueurs sont impliqués. C’est la règle du jeu pour faire une carrière digne de ce nom.

Vous savez qu’on vous appelle « le futur maire de Dijon » ?

(Il rit) Oui, on m’en a déjà parlé, je ne sais pas qui est allé chercher ça. Mais je ne veux pas remplacer le maire !

Et vous le connaissez ? 

J’ai du mal avec les noms. François…

Rebsamen. 

Voilà. Je sais qu’il est là depuis longtemps pour sa ville. On avait passé un bon moment à la mairie, après le titre en Leaders Cup.

Vous avez dû faire un ban bourguignon, comme après les matchs au palais…

Ce truc, ça vient de notre kiné Eric (Chavance, au club depuis 1984)

Mais en connaissez-vous le sens ?

Ah ? Je pensais que c’était une petite danse répandue en France. Maintenant que vous le dites, c’est vrai que je ne l’ai vu nulle part ailleurs…

C’est né à Dijon, dans les années 1900, dans un bar de quartier avec un groupe d’amis un peu…

(Il coupe) Éméchés ? C’est dingue d’apprendre ça maintenant, merci. Quand une recrue arrive, on ne prend pas vraiment le temps de lui détailler la gestuelle. Il suit le mouvement et c’est tout ! (rires) Tout le monde galère au début, c’est un peu comme un bizutage, puis on s’habitue.

Parlons de votre rôle de capitaine dans l’équipe. Êtes-vous le grand frère qui donne des conseils ?

Ce n’est pas ma nature. Si on vient me demander, c’est avec grand plaisir, mais je préfère inspirer par les actes. Plus jeune, il y a des coéquipiers qui m’ont marqué rien que dans leur façon d’être. À Mersin, je n’ai jamais oublié ce gars, Omar Sneed, un Américain en fin de carrière qui a joué absolument partout dans le monde. Il était tellement pro. Même un gars comme « Jo » Passave-Ducteil que j’ai croisé à Dijon (ndlr, qui vient de prendre sa retraite à l’âge de 37 ans). Un énorme bosseur, il m’a montré comment prendre soin de moi. 

Ils vous ont appris à garder votre sang-froid ? Vous qui semblez si discret dans la vie, on vous trouve plus bavard sur le terrain…

Moi ? Non… (sourires) Avant, j’étais pire. Mon père me suppliait d’arrêter de parler aux arbitres. Gregor et Markis (McDuffie) ne sont pas mal non plus.

C’est quoi, être meneur au basket ? 

Rendre meilleur les autres. Je préfèrerais toujours faire la passe que marquer. Ça me procure un tel sentiment… Un alley-oop avec Gavin (Ware), il se passe quelque chose, c’est une connexion entre un meneur et son pivot. Lui sait trouver le spot parfait. On ne parle pas seulement de basket, c’est aussi connaître l’autre. 

Et la famille Holston, qu’en pense-t-elle ? Elle vient vous voir ? 

En début d’année, pour mon anniversaire, j’ai accueilli ma mère et ma petite sœur. Même si on est éloignés, c’est une vraie aventure familiale. Elles ont pu visiter Jérusalem, ma fille a vu Paris… Le fait que ma carrière leur permette de vivre ces moments, je trouve ça fort.

À Auburn Hills, depuis le temps, ils doivent faire du lobbying…

Surtout ma mère ! Là-bas, tout le monde connait la JDA. Elle s’occupe du merchandising, il y a plein de gens qui ont des t-shirts avec ma tête dessus (rires). Depuis qu’elle a le maillot rose du All Star Game floqué Holston, elle ne veut plus le quitter. J’ai reçu un selfie avec l’autre jour…

Vous semblez très fusionnels.

On se parle tous les jours. Avant chaque match, on fait une petite prière ensemble au téléphone. C’est une tradition. Quand on joue à la maison, je l’appelle chez moi, ou dans le bus quand on se déplace. Ça dure une ou deux minutes, elle prie non seulement pour son fils mais aussi pour que l’équipe n’ait pas de blessure, qu’on gagne bien sûr, qu’une bonne énergie circule entre nous. Elle bénit la JDA ! 

« Avec ma mère, on prie avant chaque match ensemble au téléphone. C’est une petite habitude. Elle bénit la JDA ! »

Vous allez à la messe ?

Quand je rentre à Auburn Hills, oui, elle s’assure que je l’accompagne (rires). J’ai dû y aller une seule fois à Dijon, avec un ancien coéquipier qui était pratiquant, mais comme je ne comprenais pas tout, c’était un peu perturbant.

Vous prolongez d’une année, avec une année supplémentaire en option. Ce qui vous mènerait à 39 ans. Il sera temps de réfléchir à une reconversion, non ?

C’est vrai. J’ai déjà abordé le sujet avec Jacques (Alingue). On est à peu près de la même génération, c’est un gars avec la tête sur les épaules, qui a un parcours atypique et a repris des études dans la finance. Des amis ont des business auxquels j’aimerais m’associer. Sinon, je me vois bien entrainer des jeunes, partager ce qu’on m’a transmis. Le sport est une bonne école de la vie. Pourquoi pas à Dijon ? Je ne me vois pas prendre l’avion pour le Michigan dès ma retraite actée.

Vous résidez ici depuis cinq ans, il est donc possible d’obtenir la nationalité française. Sur le plan purement sportif, cela libérerait une place d’extracommunautaire à la JDA… 

Oui, et ce serait un beau geste symbolique aussi. C’est le manager général qui me l’a proposé, les démarches sont en cours, ça se rapproche. Si on m’avait dit que j’allais être français un jour… J’ai aussi envie de le faire pour le club, je sais que ça leur laisse de la flexibilité au moment du recrutement, et si ça renforce notre compétitivité c’est tant mieux.

En étant français, vous voterez ? 

Je pourrais ? Pourquoi pas, mais il faudrait que je m’intéresse un peu plus à la politique…

Vous pourrez au moins candidater à la mairie de Dijon…

(Il éclate de rire) Aucun risque. Je serai toujours plus utile à la ville sur un terrain de basket.