Héros ordinaires #3 – Magali, caissière : « Certains clients étaient comme fous »

Ils sont les petites pierres apportées à l’édifice de notre rémission. Portraits de ces travailleurs ordinaires, des gens simples et essentiels, sous l’œil du photographe Jean-Luc Petit. Épisode 3 : Magali Robert, caissière au Super U d’Arc-sur-Tille.

Texte : Arnaud Morel
Photos : Jean-Luc Petit


Magali Robert, 46 ans, officie en qualité de caissière et d’agent d’accueil dans un supermarché côte-d’orien. Ses neufs années d’expérience au Super-U d’Arc-sur-Tille ne l’avaient pourtant pas préparée à la folie pas si douce qui s’est emparée de certains clients lors du début du confinement. « Certains clients étaient comme fous, ils passaient avec des caddies remplis de farine, ou d’œufs, ou de papier toilette. Avec les collègues, nous travaillons même une partie de la nuit pour recharger les rayons. Aujourd’hui, les choses se sont un peu calmées, mais nous avons toujours beaucoup de monde qui vient au magasin, plus qu’en période ordinaire », raconte-t-elle.

« Un dispositif en plexiglas nous protège. Pour moi qui suis plutôt quelqu’un d’angoissé, c’est très rassurant, je vais travailler le cœur léger. »

La clientèle se plie, avec plus ou moins de bonne grâce, aux règles de protection strictes mise en place au sein de la boutique. L’entrée est filtrée, avec des agents qui distribuent du gel hydroalcoolique et des lingettes pour nettoyer les caddies. Un client entre quand un autre ressort. Les employés disposent de charlottes, de masques et de gants, à volonté. Le stock de blouses de protection est par contre épuisé, mais en cours de reconstitution. « Nous avons des caisses doubles où nous sommes dos à dos, mais elles ne sont plus désormais utilisées qu’avec une seule caissière, pour nous éloigner les unes des autres. Un dispositif en plexiglas nous protège. Pour moi qui suis plutôt quelqu’un d’angoissé, c’est très rassurant, je vais travailler le cœur léger », décrit-elle.

Une caissière « contente d’être utile »

Comme toutes les caissières, Magali a ses clients habitués, qui préféreront toujours passer vers elle plutôt qu’une de ses collègues. Et ceux-ci, et les autres, ont multiplié les signes de reconnaissance envers le personnel du supermarché. « Ils nous remercient d’être là pour eux, et moi je suis contente d’être utile, surtout quand ce sont des soignants, à qui le magasin donne priorité, qui passent à ma caisse », note-t-elle sobrement. Heureuse, Magali l’est aussi de la manière dont son patron Benoit Willot (par ailleurs président de Système U Est) a géré la crise, et, loyauté oblige, elle tient vraiment à le dire. « Certains collègues ont choisi de rester chez eux, pour garder leurs enfants ou par crainte de l’épidémie, ce que monsieur le directeur a très bien compris. Et au travail, il vient systématiquement prendre des nouvelles et nous remercier d’être là. Ça fait vraiment plaisir », raconte-t-elle.

« Je ne sais pas s’il faut en parler, ce n’est pas forcément très glamour… Mais j’adore la pêche à la carpe. »

Mère de quatre enfants, Magali Robert vit bien le confinement mais elle avoue, en insistant un peu, qu’elle brûle d’impatience de pouvoir renouer avec sa passion secrète : la pêche à la carpe. « Je ne sais pas s’il faut en parler, ce n’est pas forcément très glamour. Mais j’adore ça. C’est une pêche no kill, on remet le poisson à l’eau après l’avoir soigné au besoin. Et l’attente, la touche, et la lutte pour sortir le poisson, tout ça c’est génial », s’enthousiasme-t-elle. Mine de rien, elle parle en experte. Sa plus grosse prise ? Un monstre de 22 kilos, qu’elle a sorti à l’aide de son dernier fils.


Déjà parus

Épisode 1 : Carole Descharmes, médecin généraliste à Gergy (71)
Épisode 2 : Romain Bormel, conducteur de benne à ordures à Dijon