À Paris, la Côte-d’Or se met en Seine et lance son « Club Côte-d’Or »

Paris n’est pas la France et inversement. Sur ce constat de plus en plus tangible, le département de la Côte-d’Or crée son Club d’influence dans la capitale. L’acte de naissance a été posé mardi soir sur la Seine, dans une péniche, avec un premier parrain de choix : Christophe Navarre, président des conseils d’administration de Vinexpo et Vivino.

Un monde à part, mais un monde en conquête. Mardi soir, sur les quais de la Seine, le Département de la Côte-d’Or privatise une péniche décorée de ses couleurs, pour affirmer son identité et sa virtuosité aux yeux du tout Paris. Une fois encore, pour se faire entendre, la province doit mettre les petits plats dans les grands. À la marge d’un Salon de l’Agriculture qui les a aussi rassemblés, André Accary et Clément Pernot, respectivement présidents de la Saône-et-Loire et du Jura, sont venus en soutien de leur « collègue » du 21, François Sauvadet.

Un nouveau french paradox

Le ton est léger mais pas dénué d’ambitions et de sérieux. « Nous créons ce soir un Club Côte-d’Or à Paris, il nous permettra d’organiser des animations et des rencontres, de porter haut les couleurs de la Bourgogne côte-d’orienne. » C’est, dans les grandes lignes, le propos de l’ancien ministre qui, pour une première, a trouvé un parrain « inaugural » de choix en la personne de Christophe Navarre. Le président des conseils d’administration de Vinexpo et Vivino est en effet un gros « poisson », ne serait-ce que pour l’essor de l’appellation identifiée Bourgogne Côte d’Or représentée sur la péniche par son lider maximo en sabots, le vigneron de Gevrey-Chambertin Philippe Charlopin.

En embuscade, d’autres personnalités très fortes sont de potentiels parrains pour les années à venir. Christian Prudhomme a profité de cette occasion pour s’inscrire dans la liste d’attente. Le big boss du Tour de France rappelle à juste titre que la Grande Boucle demeure, en toute circonstance, un formidable atout de rapprochement entre Paris et nos régions.

Car le défi est bien là. Un nouveau french paradox s’est emparé de notre nation. D’un côté il y a envie post-covidienne de s’éloigner de la tour Eiffel (partirdeparis.com, paris-jetequitte.com), de l’autre un sentiment d’abandon de nos campagnes, de plus en plus déshabillées de leurs services publics et de leurs hôpitaux. Ce pays a parfois des symptômes schizophréniques.

De gauche à droite : Takashi Kinoshita, ambassadeur Savoir-faire 100% Côte-d’Or, Philippe Charlopin, président de l’appellation Bourgogne Côte d’Or, Guillaume Royer, ambassadeur Savoir-faire 100% Côte-d’Or, et son bras droit Vincent Bourdon, cuisinier à l’Auberge de Guillaume à Vandenesse-en-Auxois. © Dominique Bruillot

La Seine provinciale

Mais revenons à nos moutons et à notre jambon persillé 100% Côte-d’Or, sacralisé le jour-même par une foule enthousiaste au cœur du Salon de l’Agriculture. Le 21 a vu naître Gustave Eiffel et la Seine. Ce qui n’est pas rien pour revendiquer une visibilité de premier plan dans l’espace jacobin qui gouverne le reste de la France avec un certain sens de l’entre-soi. Cette dernière remarque n’engageant bien évidemment que l’auteur de ces lignes. 

Dans la péniche à deux niveaux joliment pensés pour libérer de saines mondanités gustatives, on déguste alors du crémant du Châtillonnais, des bourgognes côte d’or et les petits prodiges savoureux de deux étoilés Michelin estampillés « Savoir-faire 100% Côte-d’Or » : le MOF Guillaume Royer et le chef Takashi Kinoshita, dont on dit qu’après huit années de bonheur culinaire passées au Château de Courban, aurait quelque projet dans l’environnement de la Cité de la gastronomie à Dijon.

Le Club Côte-d’Or est donc en marche, n’y voyez-là aucune allusion politique. Sa seule vocation est de ramener à la surface de la Seine, toute cette sève provinciale que le fleuve véhicule avant de traverser Paris. François Sauvadet ne veut pas pour autant être le seul à naviguer dans cette péniche. Le président de l’assemblée des départements de France invite volontiers ses pairs à lui emboîter le pas. Et les TGV de l’équilibre territorial seront forcément un peu plus à l’heure.