Kevin Pearsh, l’artiste australien qui ramène le Gange au château de Commarin

L’artiste-peintre australien Kevin Pearsh est arrivé en Bourgogne il y a 36 ans pour une commande privée. Il n’en est jamais reparti, à l’exception de ses voyages en Inde, d’où il tire l’inspiration de son expo Totems au château de Commarin cet été. Épisode 2 de notre « English chronicle » sur les anglophones de Côte-d’Or, en partenariat avec Wall Street English.

Kevin Pearsh mouille le maillot pour installer ses totems colorés dans les douves du château de Commarin © Pierre Holley

Kevin Pearsh est bavard, il le sait. Mais l’Australien aux yeux bleus a de quoi tenir la conversation. Entre son français impeccable, qu’il a appris sur place, avec les moyens du bord (« À l’époque, allez trouver quelqu’un qui parlait anglais dans la campagne », en rit-il encore), son travail foisonnant et ses voyages à l’autre bout du monde, on l’écouterait parler pendant des heures. Cependant, il ne fait pas que discuter. L’artiste sexagénaire travaille d’arrache-pied. Avec en moyenne un tableau par semaine et son exposition « Totems » au château de Commarin, il est bien occupé. Ce qui ne l’empêche pas de s’évader pour trouver l’inspiration.

L’Auxois, terre d’adoption de Kevin Pearsh

Les grandes lettres bleues d’une vieille enseigne « Garage » accueillent les visiteurs dans son antre de Meilly-sur-Rouvres, à une poignée de minutes du château. D’atelier automobile à atelier d’artiste, le pas a été vite et bien franchi. Au milieu de ce grand espace lumineux, parfait pour travailler et recevoir, le peintre a trouvé son équilibre. « J’adore la vie en Bourgogne. Je n’ai plus envie d’habiter en Australie. » Le sourire aux lèvres, il se remémore son arrivée sur la terre des ducs, il y a 36 ans. « Un Américain m’avait passé commande, je suis donc venu ici pour le voir. À l’époque j’habitais à Londres et je faisais beaucoup d’allers-retours. Mais j’étais beaucoup plus à l’aise dans la région, donc j’ai fini par rester. » Ce grand bourlingueur a trouvé son hub idéal en Côte-d’Or. Tantôt au calme pour créer, tantôt dans un train ou un avion car il est à deux pas de tous les grands aéroports de France et de Suisse, l’artiste bouillonne.

Commarin et son château se parent de couleurs vivifiantes dans le cadre de l’expo Totems. © Pierre Holley

Voguer au château de Commarin

Sa source d’inspiration principale reste l’Inde, et tout particulièrement l’eau du Gange, qu’il a remontée dans son intégralité en 2006. « Quand les Indiens disent qu’il s’agit de la colonne vertébrale du pays, maintenant je comprends. » Il est ressorti de ce périple avec 21 tableaux et une fascination pour l’eau et ses reflets. Ce qui se ressent dans l’exposition « Totems », présente jusqu’en décembre 2021 : « Je voulais apporter une touche exotique au château, ramener en quelque sorte le Gange en Bourgogne. » En résulte des totems aux couleurs chaudes ou froides, qui scintillent sur l’eau des douves et jouent avec les reflets. Une touche pop et contemporaine qui donne du peps à ce bâtiment du XIIIe siècle que l’on peut visiter tout l’été. Mais pourquoi des totems ? « Je me suis toujours demandé comment mettre mes peintures en 3D. » Adepte des tableaux rectangulaires à la verticale, il les a un jour décrochés du mur et disposés en triangle, dos à dos. Le concept a jailli de son esprit. 

« L’idée est bien, mais après il faut pouvoir la réaliser. J’ai connu pas mal de nuits sans sommeil pour trouver la bonne solution. » Après de multiples essais au niveau des matériaux notamment, la forme définitive a été trouvée au bout de plusieurs mois. Mais les problèmes étaient loin d’être finis pour ce perfectionniste : l’eau des douves change de niveau au cours de l’été. Kevin en a fait sa petite obsession du moment, y compris lors de notre rencontre. Son petit bateau gonflable est alors le meilleur allié pour vérifier les niveaux et réajuster la hauteur de ses œuvres. « Des fois le matin je navigue entre mes œuvres et c’est génial ! » Notre marin d’eau douce pourra le raconter, en VO, à l’ambassadeur d’Australie himself, qui viendra au vernissage de l’expo le 10 septembre prochain. Son Excellence Brendan Berne devrait apprécier. Cela coule de source.   

Rubrique en partenariat avec Wall Street English,
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