50 ans après, la boulangerie de Flavigny renaît de ses cendres

Plus de cinquante ans que Flavigny-sur-Ozerain attendait ça. Une boulangerie est revenue sur place grâce à une Anglaise survitaminée. Après avoir retapé une ferme à Marigny-le Cahouët, à une dizaine de kilomètres, Katherine Frelon s’est lancé un nouveau défi à deux pas de l’ancienne abbaye où sont produits les fameux Anis. Rubrique en partenariat avec Wall Street English.

Katherine Frelon, boulangère anglaise du Fournil de Flavigny, à Flavigny-sur-Ozerain. © Michel Joly

« Tu imagines, une Anglaise qui fait le pain aux Français… » C’est le monde à l’envers, effectivement, et cela amuse beaucoup Katherine. Au 21 de la rue de l’Abbaye, à deux pas de la fabrique des bien bons bonbons, cette Anglaise originaire d’Oxford a ouvert, en octobre dernier, le Fournil de Flavigny. Une sensation ici : il n’y avait plus de boulangerie depuis… 1969. « Quand, en pleine crise du covid, j’ai présenté mon projet aux élus de la commune, ils avaient des tas de questions, une véritable impatience à retrouver un commerce. C’était agréable d’être ainsi soutenue », apprécie la néo-boulangère, ravie de contribuer à l’élan d’une commune de 300 âmes, qui vient tout juste de retrouver une épicerie dans la cour de l’ancienne école… Y’a de la vie à Flavigny ! 

Du pain et des chambres

Katherine n’est pas vraiment nouvelle ici. Cela fait quarante ans qu’elle a posé le pied en France, d’abord sur les bords de la Loire, en Touraine. Vivant à 100 à l’heure, elle effectue pendant longtemps des allers-retours hebdomadaires vers l’Angleterre où elle donne des cours de cuisine, organise des repas dans des châteaux, des mariages pour une clientèle épicurienne, avant de transposer ses activités en France. « J’ai même écrit un livre de cuisine française à destination des anglophones, j’y décline par exemple les gougères. Tout était prêt pour le lancer aux États-Unis, mais le Covid a tout stoppé net. » 

La voilà recluse chez elle, à Marigny-le-Cahouët, avec mari et enfants, dans la magnifique ferme de la Lochère où le couple a développé une activité de gîtes haut de gamme. « Il se trouve que nous avons un four à pain à la maison. Le pain, j’ai appris à le travailler avec ma grand-mère. Et quand je suis au fournil, que je travaille la pâte, ça me détend ! Alors, pendant le confinement, j’ai passé mon CAP de boulanger. Un sacré défi quand j’y repense… franchement, je ne sais pas comment j’ai réussi à avoir 10/20 en français ! » 

Puis l’opportunité Flavigny s’est présentée. Une bâtisse à l’abandon à retaper pendant dix mois, avec un fournil à installer, une boutique et un étage à aménager, « car notre projet comprenait aussi quatre chambres d’hôtes, pour recevoir du monde à la belle saison ». Le printemps va justement permettre de lancer la machine : Flavigny, l’un des plus beaux villages de France, reçoit chaque année plus de 100 000 touristes. 

La fête du pain

Katherine a décidé de jouer à fond la carte locale, nouant par exemple un partenariat avec le Moulin du Foulon à Arnay-sous-Vitteaux : « Aurélien et Olivier vivaient à Paris, ils étaient ingénieurs du son dans le spectacle et ont tout plaqué pendant le Covid eux aussi, pour reprendre la minoterie locale. » 

Le Fournil de Flavigny est ouvert du mercredi matin au dimanche midi. Les croissants nous font de l’œil, comme ces miches de pain au malt et aux céréales, « excellent toasté et qui dure la semaine », ce pain cuit en cocotte, cet autre sans gluten, sans oublier l’étonnant bouchon, un pain au maïs torréfié. Debout à 3 heures, un petit café, une caresse aux trois chiens et Katherine met la main à la pâte. Avec un objectif en tête : « J’aimerais relancer la Fête du Pain dans le village. »

Dans le courant de l’année, Katherine espère aussi honorer l’organisation d’un mariage en Angleterre : « Pendant une vingtaine d’années, j’ai emprunté le TGV entre Montbard et Roissy* qui me permettait de faire les navettes jusqu’à Oxford, où j’animais des cours de cuisine en public. Puis il a été supprimé, soi-disant à cause du covid. Si des décideurs vous lisent, je leur lance un appel : réhabilitez ce train entre Montbard et l’aéroport Charles-de-Gaulle, il est utile à beaucoup ! », clame notre Anglaise… qui laisse cependant la grève aux Français. Faut pas pousser !


* La ligne TGV reliant Dijon à Lille via Montbard, Marne-la-Vallée et l’aéroport Roissy-CDG a été supprimée en 2020. François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole, avait lancé une pétition (25 000 signatures à date) pour son rétablissement en novembre dernier.

Rubrique en partenariat avec Wall Street English,
le n°1 des cours d’anglais pour tous

Tous les épisodes « Wall Street English »
🇳🇿 #19 John Barker, directeur général de l’OIV
🇺🇸 #18 Tommy Pace et Lara Young, cogérants de la microbrasserie Vif
🇬🇧 #17 Katherine Frelon, boulangère du Fournil de Flavigny
🇬🇧 #16 Keith Cruiks, formateur Wall Street English et blues man
🇬🇧 #15 Jamie Ritchie, président de Sotheby’s Wine
🇺🇸 #14 Matt McClune, micro-torréfacteur à Saint-Romain
🇳🇿 #13 Hugh Chalmers, entraîneur néo-zélandais du CS Beaune
🇺🇸 # 12 Denis Toner, Beaune in the USA
🇬🇧 #11 Paul Day, sculpteur bourguignon d’adoption
🇺🇸 #10 Tobias Yang, directeur du Château de Chailly
🇺🇸 #9 Becky Wasserman, adieu à une grande dame du vin
🇦🇺 #8 Jane Eyre, ex-coiffeuse devenue Négociante de l’année 2021
🇺🇸 #7 Brittany Black, créatrice d’une librairie anglophone
🇬🇧 #6 Christopher Wooldridge, le docteur vélo et mister bike de Dijon
🇺🇸 #5 Alex Miles, personnage multicasquette et fin gourmet
🇬🇧 #4 Deborah Arnold, Dijon et sa cité des dukes
🇬🇧 #3 Jasper Morris, pape des dégustateurs en Bourgogne
🇦🇺 #2 Kevin Pearsh et ses totems de Commarin
🇬🇧 #1 Clive et Tanith Cummings, protecteurs de l’abbaye de La Bussière